Paul Magnette (PS) vide son sac sur le CDH: « Un niveau de trahison rarement atteint en politique belge »

Paul Magnette (PS0) a accordé sa première interview depuis le début de la crise. On sent le ministre-président de la Région wallonne très amer, et le mot est faible. Notamment contre Benoît Lutgen (CDH) avec qui il a eu une relation « compliquée » durant les trois ans de législature. Le CDH « est prêt à mettre en péril la stabilité de la Wallonie ». Paul Magnette « trouve ça totalement irresponsable ».

Si l’on en croit ses propos, Paul Magnette avait senti venir le coup sans toutefois l’imaginer: « J’ai entendu, avant son annonce, un certain nombre de rumeurs, qui disaient notamment que certains débats avaient lieu au CDH », explique-t-il à la Dernière Heure. C’est pourquoi il avait qualifié Benoît Lutgen de « loyal », dimanche midi sur le plateau de la RTBF. « Je voulais, par cette phrase, lui faire une petite piqûre de rappel. Aujourd’hui, je dois constater que la loyauté n’est pas leur fort », dénonce-t-il.

« Panique au CDH »

Comment explique-t-il alors l’annonce de Benoît Lutgen, qui est unique en politique belge francophone? « Je crois que c’est lié à une panique profonde du CDH, surtout à Bruxelles. Les derniers sondages les placent à peine au seuil de représentativité à Bruxelles. C’est un coup de poker. » Il a des mots très durs pour le président du CDH qu’il qualifie de « 9e ministre du gouvernement wallon ». Magnette accuse Lutgen d’avoir déjà tenté de modifier des décisions du gouvernement.

Le ministre-président regrette surtout la manière utilisée pour entamer le divorce. Il estime que la politique belge a rarement atteint un tel niveau de trahison. Paul Magnette a en plus du mal à comprendre le cheminement d’une telle décision: « J’entends qu’Olivier Chastel veut mener la même politique en Wallonie qu’au niveau fédéral. J’ai du mal à comprendre le CDH qui a combattu le fédéral depuis 3 ans. On a dit qu’on ne voulait pas d’austérité, pas de nouvelles taxes. Le CDH est prêt à s’allier avec ceux qui étaient leurs meilleurs ennemis hier. »

Inquiet pour sa carrière?

Est-ce que Paul Magnette est inquiet pour sa carrière? « C’est le cadet de mes soucis », réagit-il toujours dans la DH. « Je suis enseignant, je peux redevenir enseignant, donc peu importe ». Le ministre-président se dit surtout inquiet pour le fonctionnement de la Wallonie. Plusieurs dossiers importants étaient en cours de négociation (réforme fiscale, assurance autonomie), d’autres avaient déjà fait l’objet d’un accord (téléredevance). « Donc j’espère qu’ils les respecteront ».

Enfin, sur les prétendues divisions au sein du Parti socialiste, le n°2 botte en touche. Il n’est pour l’instant pas question de remettre en cause Elio Di Rupo: « Non, il n’y a pas de volonté de schisme au PS. Il y a eu un long débat en interne. Ce qui nous a permis de nous mettre tous d’accord sur le fait qu’il faut avancer sur le décumul. »

Seul la manière fait l’objet de discussions: « Certains pensent qu’il doit être intégral, d’autres, encore, pensent qu’il doit dépendre de la taille des communes. » Paul Magnette se dit lui toujours en faveur d’un décumul intégral. S’il quitte la présidence de la Région wallonne, il ne cumulera pas son poste de député à celui de bourgmestre de Charleroi. Son choix définitif n’est toutefois pas encore fait. Mené les bancs de l’opposition ou rester bourgmestre de la deuxième plus grande ville wallonne.

Pour le clin d’oeil, le ministre-président de la Région wallonne a tweeté une définition du Larousse dont le mot était « loyal ».

Plus
Lire plus...