Pas facile de reprendre le boulot après un cancer? Les conditions de travail pourraient bientôt être adaptées

La reprise du travail après un cancer n’a rien d’évident. Le retour dans le monde du travail peut être difficile à gérer pour ces personnes, pour qui la guérison n’est parfois pas encore prononcée. Mais désormais, en Belgique, les personnes malades pourront retourner au travail en demandant des conditions adaptées. C’est la première fois qu’un juge reconnait les conséquences du cancer comme un handicap.

Il aura fallu attendre qu’une employée ayant subi un cancer se fasse virer pour que les conséquences d’un cancer soient enfin reconnues comme un handicap. En effet, une jeune vendeuse, atteinte d’un cancer de la lymphe, était restée deux ans en arrêt maladie avant de reprendre le boulot. À son retour, n’arrivant pas à assumer le même horaire, elle avait demandé à son employeur de reprendre le travail de manière progressive. Sa demande n’a jamais été prise en compte, elle a même reçu un joli C4.

Les effets du cancer persistants

L’employeur a finalement été condamné à payer une indemnité de 12.000 euros à la jeune femme par la Cour du travail de Bruxelles. C’est d’ailleurs la première fois qu’un tel scénario se produit, car jusqu’ici les effets durables du cancer n’étaient pas pris en considération. Pourtant, après un cancer, le patient passe toujours par une période de rémission. Si tous les symptômes de la maladie ont disparu (ou presque), cela ne signifie pas pour autant que le cancer a été complètement vaincu. Le patient n’est donc pas tout de suite au bout de ses peines et doit parfois encore subir des traitements et des examens.

Une mise à l’écart difficile à assumer

Ce n’est donc pas trop tôt qu’un juge considère enfin la reprise au travail comme étant une étape difficile à assumer pour quelqu’un qui a subi un cancer. Mais c’est surtout grâce à Unia, l’ancien centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme, que les choses ont pu bouger. En effet, le service avait mené une action en intervention volontaire dans cette affaire. « Tout le monde connaît quelqu’un avec un cancer. Se battre contre cette maladie, c’est souvent être mis à l’écart de la société. Subir une seconde mise à l’écart, professionnelle cette fois, est véritablement traumatisant », explique d’ailleurs Patrick Charlier, directeur d’Unia, dans le communiqué.

Discrimination au travail

Dans l’étude « The 1000 Survivor Study » menée par Cancer Council Queensland, on apprend d’ailleurs qu’avoir eu un cancer pouvait réellement avoir un impact négatif sur le travail quand les personnes reprenaient le boulot. Ainsi, 12% des sondés affirment avoir été victimes de discrimination au travail, 10% auraient été traités de manière indigne, 7% ont vu leur salaire baisser et près de 6% pensent ne pas avoir obtenu de poste à cause de leur diagnostic. Une étude menée au Royaume-Uni montre que 57% des anciens patients atteints de cancer subissent aussi de la discrimination de la part de leur employeur. Parmi eux, 43% ont avoué ne plus être aptes physiquement pour travailler, alors que 25% ne se sentaient plus assez fort sur le plan émotionnel.

Conditions de travail adaptées

Au vu de ces chiffres, considérer le cancer comme étant un évènement bouleversant dans la vie d’un employé était donc plus que nécessaire. Si l’employeur oublie souvent que la période de rémission n’est pas aussi simple à assumer qu’elle en a l’air, pour l’Unia, les employés qui se rétablissent d’un cancer devraient désormais pouvoir demander des conditions de travail adaptées, sans que cela leur soit refusé.

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