Nous devrions applaudir Obama pour avoir relevé son pays alors qu’il était au plus bas, selon ce professeur belge

C’est aujourd’hui que se déroule la cérémonie d’investiture de Donald Trump et c’est donc aussi la dernière journée de Barack Obama en tant que président des States. Newsmonkey a posé quelques questions concernant le bilan d’Obama à un professeur en politique étrangère de l’Université Catholique de Louvain (UCL), Tanguy Struye. Selon lui, Barack Obama a fait des erreurs, certes, mais il a été un bon président qui mérite un bon 7/10!  

Il y a huit ans déjà, au moment de son élection, Barack Obama incarnait l’espoir pour le monde entier avec son fameux slogan: « Yes we can ». Aujourd’hui, c’est la cérémonie d’investiture de Donald Trump et donc par la même occasion la fin du second mandat d’Obama. C’est donc le moment idéal pour faire le bilan de sa « carrière » présidentielle, d’évoquer ses réussites ainsi que ses échecs.

Newsmonkey s’est entretenu avec un Professeur de l’UCL en politique étrangère, Tanguy Struye de Swielande, afin d’en savoir un peu plus. Pour lui, s’il devait évaluer la carrière présidentielle d’Obama, il donnerait un 7/10 et il nous explique pourquoi.

« Il a redoré l’image des États-Unis »

Il y a certainement un point que personne ne pourra contester: Barack Obama a réussi, notamment grâce à son charisme exceptionnel, à « redorer l’image des États-Unis », affirme Tanguy Struye. Au moment de son élection en 2008, cette dernière était complètement ternie par son prédécesseur George W. Bush. De fait, « les guerres en Irak et en Afghanistan, ainsi que la crise financière de 2008 ont fortement assombri l’image des États-Unis », explique Tanguy Struye.

Au niveau économique, « le bilan d’Obama est bon. Il a d’abord réussi à sortir sa nation de la pire crise économique que le pays n’avait jamais connu depuis la Grande Dépression », affirme le professeur.

Il rajoute ensuite qu’Obama « a créé beaucoup d’emplois et a amené des investisseurs ». De fait, en octobre 2009, le taux de chômage atteignait les 10% alors qu’aujourd’hui, ce taux varie autour des 5%. Mieux encore, le journal Le Monde indique que le pays connaît en ce moment une croissance de 2,4%. Et près de 16 millions d’emplois ont été créés depuis le début de son premier mandat (en 2009), ce qui n’est pas négligeable.

Une autre réussite est son engagement contre le réchauffement climatique. Il a fortement soutenu la COP21 en ratifiant l’accord de Paris. Même si le plan climat d’Obama (élaboré par l’Agence de protection de l’environnement qui a pour principal objectif de réduire les émissions de CO2 de 32% d’ici 2030), attend toujours l’accord de la justice américaine, Obama a eu un comportement « exemplaire » sur la question, explique Tanguy Struye.

Vient ensuite un autre point positif, qui est passé « trop inaperçu », selon Mr. Struye: Obama a courageusement réussi à rétablir les relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba. En effet, le 10 décembre 2013, Obama a échangé une poignée de main historique avec le dirigeant cubain Raul Castro. Et ça, ce n’était plus arrivé depuis la mise en place de l’embargo américain en 1962, il y a plus de 50 ans. Maintenant, l’embargo n’est toujours pas levé, car le Congrès refuse de le faire, mais Obama a déjà franchi un pas vers un avenir meilleur sur cette question.

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« La condition des noirs ne s’est pas améliorée sous Obama »

Bon et pourquoi trois points en moins sur sa note finale comme président des States? Comme Struye le dit, ce n’est pas vraiment parce qu’Obama a fait quelque chose de mal. C’est plutôt parce qu’il a donné beaucoup d’espoir durant sa campagne et qu’au final, certaines choses n’ont pas changé et des nouveaux problèmes qu’il n’a pas bien anticipés sont apparus .

C’est le cas de la fracture sociale qu’Obama n’a pas réussi à « faire disparaître alors qu’il l’avait promis », affirme Tanguy Struye. « Même si de manière générale, son bilan économique est positif, les inégalités sociales et raciales ont persisté », dit-il. En 2012, 27,2 % des Afro-Américains et 25,6 % des Latinos vivaient sous le seuil de pauvreté, contre 9,7 % des Blancs, ce qui reste une différence importante. En septembre 2016, le taux de chômage chez les Afro-Américains était à 8,3% alors que le taux de la population totale s’élève à 4,8%. Et en 2015, 13,5% des Américains vivaient sous le seuil de pauvreté et ce taux augmentait à 24,1% pour la population noire-américaine.

C’est vrai que le Congrès américain n’a jamais vraiment soutenu Obama dans ses projets. Il n’a jamais accepté la hausse du salaire minimum de 7,25 dollars (6,26 euros) à 10,10 dollars l’heure (soit 9,47 euros) et ne veut pas entendre parler des impôts pour les plus riches. Mais voilà, le résultat est qu’un Américain sur sept vit dans la pauvreté.

« La condition des noirs ne s’est pas améliorée sous Obama et on voit le résultat aujourd’hui. Il n’est pas parvenu à rétablir la confiance des gens dans le système », explique Mr. Struye. Quand Obama a été élu, les espoirs au sein de la communauté afro-américaine étaient importants. Les gens ont pensé qu’on allait rentrer dans une ère où la couleur de peau n’aurait plus d’importance, alors que maintenant, elle est devenue l’un des problèmes majeurs sous sa présidence, avec par exemple le mouvement Black Lives Matter.

Toujours selon Tanguy Struye, Obama aurait « trop vite laissé tomber ses grands projets alors qu’il aurait dû continuer. Durant sa campagne, il a fait des très grandes promesses qu’il n’a pas su tenir, ce qui, sans surprise, a provoqué un sentiment de désillusion au sein de la population américaine, et particulièrement parmi la population afro-américaine du pays. Et ça, Donald Trump l’a bien compris. »

« Il a trop longtemps négligé le danger de Daesh »

Un autre point négatif concernant la carrière d’Obama est le fait qu’il a, durant trop longtemps, négligé l’importance de Daesh et le monde en a payé cher. De fait, la menace de Daesh est arrivée en février 2014 en Irak. Hors, Obama a commencé à prendre conscience du danger lorsque Mossoul est tombé quelques mois plus tard, en juin 2015. Comme l’explique Mr. Struye, « il faudra attendre le mois d’août pour qu’Obama déclare que le mouvement Daesh est un réel danger pour le monde. Il aura fallu huit mois pour qu’Obama réagisse à la menace, ce qui est énorme ».

Au final, son bilan « est loin d’être négatif, mais rien n’est jamais parfait », explique Tanguy Struye. « Obama était un président actif, enthousiaste et motivé dans son travail. Il a toujours agi comme un vrai président.

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Et maintenant avec Trump?

Même si Obama était fondamentalement différent de son prédécesseur Bush, le professeur explique qu’ils ont un point commun que Donald Trump n’a pas, ou du moins pas encore, montré: Bush et Obama ont toujours agi de « manière présidentielle », que ce soit avant d’entrer en fonction ou durant l’exercice de leur mandat.

Tu pouvais être d’accord ou non avec leurs décisions, mais il n’y a jamais eu de scandale avec Bush ou Obama. Ils sont, comme Struye le dit, des personnes qui ont « exercé leur métier avec beaucoup de cœur ».

Cette qualité là, on ne là retrouve malheureusement pas chez Donald Trump alors qu’il n’a même pas encore commencé et c’est assez alarmant. Ce dernier a un comportement « revanchard et violent », selon Struye. C’est vrai qu’il te suffit de jeter un œil sur son compte Twitter et de voir à quel point il est provocateur. Et ça, c’est du jamais vu chez un Président.

Maintenant, une question se pose: est-ce que tous les efforts fournis par Obama vont tomber dans l’oubli avec Donald Trump? Tanguy Struye répond qu’il est vraiment impossible de le savoir. Donald Trump est une personne très « incertaine et contradictoire et les exemples ne manquent pas », dit-il. « Par exemple, lundi il a déclaré qu’il voulait mettre en place un traité de libre-échange avec le Royaume-Uni, alors qu’il a toujours été contre le TTIP et le CETA ».

Mais une chose est sûre, si Donald Trump continue comme ça, ça va être difficile de gérer le pays et cela va coûter cher aux Américains. Les personnes qui ont été déçues par Barack Obama vont peut-être le regretter en fin de compte.

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