Nos centrales nucléaires sont « vulnérables » en cas d’attaque terroriste, selon Greenpeace

Greenpeace, l’organisation de défense de l’environnement, a commandé une étude auprès de sept experts chargés d’analyser la sécurité des centrales nucléaires en France et en Belgique face au risque terroriste. Le résultat de cette étude est particulièrement alarmant. Si alarmant que Greenpeace a rendu un rapport public en version « light » pour ne pas donner de mauvaises idées aux personnes malintentionnées. 

Pendant 18 mois, sept experts mandatés par Greenpeace – un Allemand, quatre Français, un Américain et un Britannique – ont étudié la question de la sécurité des centrales nucléaires en cas d’attaque terroriste en France et en Belgique. Pour balayer de manière complète la problématique, il y avait parmi les experts: des spécialistes en sûreté nucléaire, en sécurité, en radioprotection ou encore en économie. Le résultat de cette étude pointe clairement un gros problème de sécurité des bassins de refroidissement dans nos centrales nucléaires. Ils ne seraient pas « suffisamment protégés contre une attaque extérieure », peut-on lire dans un communiqué de presse de Greenpeace.

Les bassins de stockage oubliés

Quand on parle des dangers des centrales nucléaires, on pense systématiquement aux réacteurs et aux conséquences en termes de radioactivité que ceux-ci représentent. Or, les bassins de stockage des barres de combustible usagé représentent eux aussi un danger énorme puisqu’ils sont, eux aussi, radioactifs. Pour info, les bassins de stockage accueillent le combustible nucléaire usagé provenant d’un réacteur. Les barres de combustible usagé, encore radioactives, transitent par cette piscine avant d’être envoyées pour le stockage final. Le problème de ces bassins, c’est qu’ils sont situés à l’extérieur des bâtiments blindés du réacteur, et sont donc extrêmement vulnérables.

Pour illustrer le danger de ces bassins, la version light du rapport publiée par Greenpeace, évoque l’impact de ces bassins lors de la catastrophe de Fukushima. « Des retombées radioactives significativement supérieures à la radioactivité naturelle étaient alors projetées jusqu’à 250 km de la centrale, en grande partie dégagées par les piscines » peut-on lire dans ce rapport.

« Si ces bassins étaient endommagés lors d’une attaque entraînant la vidange de l’eau de refroidissement, les barres de combustible seraient mises à nu, entraînant une hausse de la température et des rayonnements », et dans ce cas le pays pourrait faire face à une catastrophe nucléaire.

En cas d’attaque terroriste

Le groupe d’experts a également tenté dans son rapport d’imaginer les scénarios possibles d’attaques terroristes « mettant en jeu des instruments auxquels il estime que des individus dotés d’intentions criminelles sont aujourd’hui en mesure d’avoir accès ». Du côté de Greenpeace, on explique que même si les centrales nucléaires ne semblent pas avoir été la cible privilégiée des terroristes jusque maintenant, il leur semble normal d’explorer une telle piste. Après avoir observé les conséquences de certains types d’attaques en fonction de la résistance des bâtiments et imaginé les différents scénarios, les experts ont établi que les attaques étudiées (mais non citées dans le rapport) « sont en mesure de provoquer sur le type de structures et d’équipements des bâtiments d’entreposage du combustible en piscine les dégâts conduisant aux scénarios redoutés ».

Durant leur étude, ils ont également observé plus concrètement les sites nucléaires en France, mais également ceux de Doel et Tihange en Belgique. « Certaines faiblesses connues sont génériques à l’ensemble des installations, comme l’absence de protection autre que des poutres et un bardage métallique sur les toits des bâtiments combustible. D’autres conditions sont évidemment variables selon les sites, rendant la réalisation de différentes attaques plus ou moins difficile. On peut en conclure que des individus projetant d’attaquer une installation nucléaire seraient en mesure, par le même type d’analyse, de sélectionner le ou les sites présentant les conditions les plus favorables. »

La proximité est un danger

En Belgique, les centrales nucléaires sont situées près de grandes villes, et Doel et Tihange font également partie des centrales préoccupantes du rapport. Selon Eloi Glorieux, expert nucléaire chez Greenpeace Belgique, il est « incompréhensible que l’AFCN n’ait pas imposé de mesures de protection additionnelles lorsqu’elle a autorisé la prolongation pour dix ans des réacteurs les plus anciens et les moins protégés, Doel 1, Doel 2 et Tihange 1 ». L’AFCN étant l’Agence fédérale de contrôle nucléaire en Belgique. Pour Greenpeace « la menace et les conséquences d’une éventuelle attaque contre nos centrales nucléaires doivent cesser d’être un sujet tabou ». Les exploitants des centrales, EDF et Engie Electrabel, ainsi que les politiques, doivent prendre leurs responsabilités en termes de sécurité.

Nous avons d’ailleurs tenté de contacter Engie Electrabel pour savoir quelle était leur réaction, mais sans succès.

epa
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