Nollet sur la sûreté nucléaire belge: « l’AFCN s’est laissée influencer par la situation économique »

Il n’y a pas que les Belges qui s’inquiètent de l’existence de nos centrales nucléaires. La France a mis sur pied une commission d’enquête spéciale concernant la sûreté des centrales nucléaires. À cette occasion, elle a interrogé jeudi dernier pendant plus d’une heure le député Ecolo Jean-Marc Nollet et voici quelques unes de ses réponses les plus alarmantes.

« L’Agence de contrôle de la sécurité nucléaire, l’AFCN, s’est laissée influencer par la situation économique et par la situation politique et je peux le démontrer », déclarait Jean-Marc Nollet jeudi dernier devant une commission d’enquête de l’Assemblée Nationale française. Le député Ecolo témoignait sous serment devant la Commission d’enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires.

« L’AFCN s’est laissée influencer en réduisant les exigences qu’elle avait elle-même initialement prévues », a-t-il ajouté, pointant du doigt les débats autour du pacte énergétique du début d’année. Il a de la sorte expliqué pourquoi les centrales nucléaires belges devront en principe rester en activité jusqu’en 2025 malgré le fait que « trois réacteurs sont périmés », « deux sont fissurés » et « un réacteur a été saboté ». Principalement parce que le port d’Anvers a besoin de cette manne énergétique.

Nollet: « Dans un PV du CA de l’AFCN, un ancien directeur de l’agence dit que [l’AFCN] s’est alignée sur la position du cabinet Marghem dans le cadre des discussions sur la prolongation de Doel 1 et 2. Et en 2009, l’AFCN faisait référence à un niveau de sécurité de 2009, alors qu’en 2012 elle ne faisait plus référence qu’aux exigences de 1975! »

Danger des kamikazes

Au delà du pacte énergétique, de la position ambiguë du gouvernement Michel et de l’AFCN, c’est surtout la sécurité des centrales nucléaires que Nollet a voulu décrire en détail. Notamment la possibilité pour un pilote mal intentionné de causer énormément de dégâts sur les centrales avec un avion.

« Nos centrales ne sont absolument pas en mesure de résister en cas de chute d’avion intentionnelle, des avions du type de ceux qui sont actuellement basés à Liège. (…) J’ai interpellé à plusieurs reprises [le ministre de l’Intérieur] Jan Jambon qui a toujours refusé de me dire avec quel modèle d’avion on avait fait les tests de résistance », a déclaré à Sudpresse le chef de groupe Ecolo/Groen à la Chambre. Jan Jambon « a toujours refusé de me répondre. »

Après quelques recherches, Nollet a découvert que des « simulations ont été faites sur base d’un Boeing 767 lancé à 150 mètres par seconde. Or, à Bierset, ce sont actuellement des Airbus A380 et des B747 qui sont utilisés. Ils sont plus lourds et volent jusqu’à 250 mètres par seconde. Si on y applique la loi d’Einstein, par rapport à un 767, avec un 747 ce sont cinq fois plus d’énergie cinétique et quatre fois plus de kérosène qui seraient dégagés au moment du choc! » Le danger en cas d’une attaque kamikaze serait donc plus grand que ce que l’on pense.

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