Retenir le flux de ses règles pour le vider aux toilettes: c’est ce qu’on appelle le flux instinctif libre. En gros, c’est zéro protection pendant tes règles. Ça te parait dingue? Tu te demandes (nous aussi d’ailleurs…) comment c’est possible? Et surtout, comment on fait? On t’explique tout.
On voit fleurir avec succès des alternatives aux éternelles serviettes et tampons hygiéniques jetables: coupes menstruelles, serviettes lavables, sous-vêtements absorbants… Depuis quelques temps, au fil de nos lectures Internet et de nos newsfeeds, est apparue une autre méthode qui interpelle: le flux instinctif libre (FIL, pour les intimes). Il existe même un groupe Facebook sur le sujet, et des vidéos sur Youtube t’expliquent comment faire.
Le flux instinctif libre, qu’est-ce que c’est?
L’idée est simple (la réalisation sans doute un peu moins): retenir le sang menstruel et le laisser s’écouler aux toilettes. Un peu comme une envie de pipi, en gros. Mais on s’interroge: pour pipi et caca, il y a des sphincters, qui sont là pour ça, si on ose dire. Or, et jusqu’à preuve du contraire, l’utérus et le vagin ne sont pas des sphincters. Cette technique suppose donc une grande connaissance et maîtrise de soi, et de son corps.
Les avantages: zéro déchet, zéro achats, un périnée en forme (youpi sous la couette!), mais aussi le sentiment d’être à l’écoute de soi, de respecter et d’être bienveillante envers son corps.
Apprendre à sentir et contrôler son corps
Alice, une internaute que nous avons interrogée, nous confie: « Je m’essaie au flux libre avec des serviettes hygiéniques lavables depuis mon accouchement. Ce que j’aime beaucoup avec le flux libre c’est d’avoir pris conscience que je pouvais sentir le flux arriver. Le sentir, me permet de mieux gérer la douleur aussi. »
On s’en doute, le flux instinctif suppose un apprentissage sur la durée, en étant dans les meilleures conditions pour pouvoir gérer les petits accidents. On ne va pas se lancer sans protection direct un matin en allant au boulot, hop, du jour au lendemain. L’idéal est bien évidemment de commencer doucement et sereinement, à la maison, en apprenant à reconnaitre le moment où le sang menstruel doit s’écouler.
D’ailleurs, en sondant les femmes qui utilisent la méthode depuis un certain temps, on réalise que pour beaucoup d’entre elles c’est venu presque naturellement. »J’ai commencé jeune », nous confie Lucie, une autre internaute, « J’ai découvert cette méthode à 14 ans après avoir accouché de mon fils, parce que je ne supportais pas les serviettes et que je ne pouvais pas mettre de tampon en venant d’accoucher. Quand mes règles sont redevenues normales, j’ai appris en restant chez moi à me contrôler et écouter les signes de mon corps, en allant très souvent aux toilettes pour me « vider ».
On a toutes, ou presque, senti ce moment le matin au lever, quand on fait quelques pas et que hop, on sent le sang couler. En gros, c’est là que ça se passe. Quand tu sens que ça vient, tu serres les fesses (= le périnée?) et tu files aux toilettes. Ça parait simple comme ça, surtout en pyjama à la maison, mais au quotidien, on est toujours très intrigué. Car concrètement, que se passe-t-il quand on bosse, qu’on fait du sport, qu’on éternue ou qu’on rit un grand coup? Selon les adeptes, les petits accidents peuvent arriver, mais une fois qu’on maitrise le truc, cela devient de plus en plus rare, pour ne plus arriver carrément. Le tout étant, quand même d’avoir des toilettes à proximité dans la journée. Un peu comme si tu devais aller faire pipi assez souvent, ni plus ni moins.
Quand j'essaie le flux instinctif libre et que j'éternue. pic.twitter.com/WkwjkhOB4H
— Adria (@Grrraou) 28 août 2017
Toutes les femmes peuvent-elles pratiquer le flux instinctif?
En théorie, oui. Comme le confie une adepte à Madmoizelle: « J’ai eu mes premières règles à 11 ans, et j’ai rapidement eu un flux très abondant. Quand j’ai appris qu’on ne perdait en moyenne qu’entre 50 et 150 mL par cycle, j’ai eu du mal à y croire. Avant le flux instinctif libre, je ne portais que les protections de nuit ultra-absorbantes, même en journée. » L’idée selon laquelle la technique est réservée aux flux peu abondants est donc fausse. Si tu gères, pas de galère…
Certaines femmes y voient une contrainte…
Comme pour tout ce qui concerne la femme, et ce qui se passe dans son bas-ventre, le sujet fait réagir. Les féministes notamment, ou simplement les femmes qui considèrent que le flux instinctif libre n’est rien d’autre qu’une nouvelle contrainte, qui demande à la femme de contrôler son corps une fois de plus.
… Quand pour d’autres c’est justement tout l’inverse
Lucie, notre internaute, nous explique encore: « J’ai eu peu d’accidents dès le début mais c’était assez contraignant. Ça a été comme ça pour mes 2-3 premiers cycles, je ne sortais plus pendant une semaine parce que j’avais peur d’avoir des fuites ou de ne pas trouver de toilettes au bon moment. Je pensais qu’à ça. C’est vers le 4ème cycle il me semble que, en ayant beaucoup d’autres choses en tête à ce moment là, j’ai totalement oublié mes règles et c’était naturellement que j’allais aux toilettes que toutes les 3-4h comme pour aller faire pipi, et que je pouvais même patienter si j’étais dehors sans avoir de fuites et attendre de rentrer chez moi, j’y pense même plus maintenant… »
Comme si le contrôle devenait finalement presque inconscient.
Ok c’est bien joli tout ça, mais est-ce bien sans danger?
A priori, on ne voit pas trop comme ça le danger que pourrait représenter le flux instinctif. On met bien des tampons ou des coupes menstruelles dans nos vagins… même si les risques de syndrome du choc toxique (certes rares mais bien réels) liés à ces protections sont maintenant bien connus.
Mais justement, quid de retenir du sang dans son vagin comme ça, quand celui-ci devrait s’écouler? On pense notamment aux femmes qui souffrent d’endométriose. Selon certains médecins, cela ne serait effectivement pas l’idéal, le sang devant, au mieux s’écouler, au pire être recueilli dans le cas de la cup, absorbé dans le cas des tampons. Il existe donc une réserve, du côté médical, en cas d’endométriose. Même si, a priori, « se vider » toute les 2-3 heures ne devraient pas représenter de gros danger, dans le doute, mieux vaut t’abstenir si tu es ce qu’on appelle une endo-girl.