MSF ne veut plus du fric de l’Europe: « les conditions dans les camps du Sud-Soudan sont bien meilleures qu’en Grèce »

Cette fois c’est le ras-le-bol général pour l’ONG Médecins Sans Frontières. L’organisation en a marre de se substituer aux Etats. Elle dénonce des politiques qui visent plus à stopper l’immigration qu’à protéger les migrants, entre autre ceux issus des zones de conflits. L’argent des Etats européens, ils n’en veulent plus. C’est l’accord entre l’UE et la Turquie qui a fait déborder le vase. MSF ne veut plus être associé à « des institutions qui provoquent plus de souffrances. »

Brice de le Vingne, le directeur des opérations de MSF, a accordé un entretien à La Libre. Il y explique les raisons qui ont poussé l’ONG à désormais refuser les fonds issus de l’Union européenne et de ses Etats membres. « Les politiques européennes n’ont pas pour objectif de protéger les migrants, mais de les stopper », a-t-il dénoncé.

Seulement 8% du budget

MSF en a vraiment marre de jouer le rôle des Etats. En plus, son budget dépend à 92% de dons privés tandis que les fonds européens s’élèvent seulement à 56 millions d’euros. Du coup, l’ONG s’en passerait bien. Pour montrer son désaccord total avec la politique migratoire de notre continent. « l’UE et les Etats membres refusent d’assumer leurs responsabilités pour des crises qui se passent au bord de l’Europe », alors que des traités européens les y obligent. « On ne peut plus accepter des fonds de la part de systèmes politiques et d’Etats qui provoquent encore plus de souffrance et qui n’ont pas pour objectif de protéger les personnes qui fuient le danger. Nous ne voulons pas êtres associés à ces pratiques ».

Pire qu’au Sud-Soudan

Le directeur des opérations poursuit: « j’ai été dans des camps de réfugiés à Lesbos (Grèce) et au Sud-Soudan. Les conditions dans les camps du Sud-Soudan étaient bien meilleures qu’en Grèce en termes de protection, d’accès aux soins, etc. »

Vraiment, l’ONG ne peut plus supporter le climat de rejet vis à vis des migrants et en veut à cet accord Turquie-UE qui ferme les frontières à double tour et fait prendre des risques inconsidérés à ces mêmes migrants. De plus, « l’Europe veut reproduire la logique du pacte UE-Turquie avec 16 pays supplémentaires, dont certains sont des pays en proie à de fortes crises, donc des pays dont les ressortissants devraient pouvoir chercher refuge ailleurs. Je pense ici à l’Afghanistan, l’Erythrée, le Soudan, etc. » Jusqu’où va aller la logique de cet accord se demande Brice de le Vingne? A vouloir repousser toujours plus loin ses frontières, l’UE se met hors jeu dans la résolution des conflits et perd toute légitimité à faire pressions sur des Etats en guerre, qui eux aussi, ferment leurs frontières.

Mais qu’espère-t-on du côté de MSF? « La situation peut changer ». « Il y a toute une série de politiques qui permettraient de protéger les réfugiés, de leur garantir un passage sécurisé et légal vers l’Europe », fait remarquer le directeur de MSF. Et vu que les relations entre la Turquie et l’UE sont parfois tendues, il faudra prévoir d’autres scénarios au cas où le deal capote.

Source: La Libre

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