Michel Sardou, lacrymo et affiches: la créativité des manifestants est sans limite à Hong Kong

Ça fait maintenant plus de deux mois que les Hongkongais se soulèvent contre les autorités prochinoises. Les traumas de la révolution ratée des parapluies motivent comme jamais les manifestants. Le conflit s’enlise, personne ne veut lâcher du terrain. L’intransigeance des autorités pousse les manifestants à se montrer hyper créatifs.

Les violences entre policiers et manifestants vont pousser la ville vers « un chemin sans retour », a menacé ce mardi la cheffe de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam. À l’origine du conflit, un projet de loi pro-Pékin qui facilitait les extraditions vers le pays de Xi Jinping.

Hong Kong, c’est un peu moins de 8 millions d’habitants pour 310 milliards de PIB, l’une des zones économiques les plus riches au monde. Depuis la rétrocession en 1997, ce sont pas moins d’un million de ressortissants chinois qui sont venus s’y installer, dont beaucoup de jeunes en quête d’éducation et d’une réussite professionnelle.

Depuis début juin, policiers et manifestants se font face. À l’instar des Gilets jaunes en France, les Hongkongais dénoncent les violences policières. Leur créativité pour faire face aux autorités est par contre incomparable, même s’ils tentent de reprendre espoir en chantant du Michel Sardou.

Hier, pas moins de 5000 manifestants ont bloqué l’aéroport international de Hong Kong par un gigantesque sit-in. Une vidéo montre les manifestants reprendre en cœur Les Misérables du chanteur français dans une version anglophone. La vidéo partagée par le jeune leader de l’opposition, Joshua Wong, a été vue des millions de fois sur les réseaux sociaux. L’aéroport est à nouveau ouvert ce mardi matin, mais les manifestants ont promis de revenir.

Violences policières

Comme en France, les violences policières sont dénoncées sur les réseaux sociaux. « Œil pour œil », les Hongkongais ont leurs David Dufrasne qui recense les différentes bavures. Les éborgnés partagent leur visage sur les réseaux, tentant de sensibiliser le public à l’échelle mondiale. Car il s’agit d’un véritable bras de fer avec les autorités, chaque camp ne voulant pas lâcher de terrain. Les manifestants ne veulent plus connaître la déception qui a suivi la révolution des parapluies, les autorités hongkongaises acquises à Pékin ne veulent pas voir leur pouvoir contesté.

Ces violences policières, elles sont aussi dénoncées par le biais d’affiches aussi splendides les unes que les autres. Des mini-clips vidéo bourrés de créativité font aussi un véritable carton sur internet. Le fruit d’une population jeune et digitale. On te conseille de suivre ce thread passionnant pour te donner une idée.

Tour à tour, ces vidéos dénoncent le système de vidéosurveillance, l’usage massif du gaz lacrymogène, sans oublier de prodiguer les meilleurs conseils pour faire face aux policiers. Tenues de protection, cônes de chantier et parapluies pour se protéger des gaz, là encore les manifestants font preuve d’une grande créativité.

Ils pointent aussi des lasers sur la police pour empêcher la reconnaissance faciale. Les stylos laser sont devenus l’un des symboles de la contestation après l’arrestation d’un jeune étudiant en possession de plusieurs exemplaires. Les contestataires utilisent aussi du film alimentaire pour stopper les avancées de la police ou pour se protéger des gaz, là encore.

« Terrorisme »

Du côté de Pékin, on n’hésite plus à parler « d’actes de terrorisme » pour évoquer les violences des manifestants. À Shenzhen, ville chinoise la plus proche, des camions militaires affluent pour montrer leurs muscles. Officiellement pour y faire un exercice, rétorque Pékin.

Le pouvoir chinois va toutefois devoir trouver une solution d’ici le 1er octobre prochain, jour des 70 ans de la création de la République populaire de Chine. Les manifestants promettent eux d’autres actions dans les prochains jours, comme l’occupation de l’aéroport.

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