Michel Preud’homme à Bruges et chez les Diables en même temps? Sans façon! On va où là?

Entraîneurs, observateurs, supporters, à peu près tous veulent voir Saint-Michel à la tête de la sélection nationale. Qualifié, expérimenté, parfois dur et belge, il est sans doute l’homme de la situation. Le gros problème, c’est que le FC Bruges ne veut pas le lâcher. Et concernant l’intéressé, il compte « tenir sa parole » et rester à Bruges un an de plus. Se dirige-t-on dès lors vers un entraîneur à double fonction, en club et en sélection? Merci, mais non merci, s’occuper des Diables et les amener au sommet, c’est un job à plein-temps!

Qui sera le prochain coach des Diables? C’est la question à mille points qui doit trouver une réponse pour la mi-août, idéalement. Pour le match du 1er septembre contre l’Espagne, obligatoirement.

Et un nom se détache du lot parmi les observateurs du ballon rond: Michel Preud’homme. Il a tout pour lui, l’expérience et les connaissances tactiques, il est belge et peut se monter parfois rugueux avec ses joueurs. Bref, il a en lui quelques qualités que son prédécesseurs n’avait pas forcément. Entre nous, pas de langue de bois, Michel Preud’homme, c’est le candidat idéal!

« Je vais tenir ma parole »

Mais, il y a un « mais ». Bart Verhaeghe, le président du Club de Bruges, est aussi un des hauts responsables de l’Union belge. Il est l’un des décideurs qui doit poser un nom pour succéder à Marc Wilmots. Et pour lui, la question ne semble même pas se poser: « Michel Preud’homme est sous contrat au FC Bruges », déclarait-il lors de la conférence de presse qui finalisait le divorce entre la fédération et Marc Wilmots. Comprenez que Bart Verhaeghe ne veut pas que Preud’homme quitte son poste d’entraîneur de la Venise du Nord.

En attendant, la pression s’accentue sur Super-Michel. Mais pour l’intéressé tout semble clair: à la veille du début du championnat et d’un certain Malines-Bruges (vendredi soir 20h30), il a déclaré qu’il allait certainement rester une année de plus à Bruges. « Je l’ai déjà dit et je vais tenir ma parole », a-t-il insisté. Il a avoué aussi « ne jamais avoir parlé de cela (du poste de sélectionneur national, ndlr) avec Bart Verhaeghe ». Bon là par contre, on a un peu plus de doutes.

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Hein Vanhaezebrouck, fidèle à lui-même

Il n’empêche, dans son style qui le caractérise, Hein Vanhaezebrouck, le coach du club rival de la Gantoise, a dit tout le bien qu’il pensait de Michel Preud’homme. Pour lui non plus, pas de doutes, l’ex-meilleur gardien du monde « serait la solution la plus logique ». « Michel est celui qui a le plus d’expérience parmi les entraîneurs belges. Je trouve d’ailleurs que l’équipe nationale doit être dirigée par un Belge. Ce n’est pas mon intention de le pousser à quitter Bruges, mais selon moi il est tout simplement le meilleur candidat. Mais pas pour un cumul car cela ne me semble pas sain. »

Là on donne un bon point à l’ami Hein. Si on s’accorde pour dire que Mich-Mich est le candidat parfait, un cumul de fonctions, ça ne ressemble à rien du tout. Un entraîneur en club est bien trop occupé pour pouvoir se concentrer pleinement sur les futurs objectifs des Diables. Surtout depuis l’échec de l’Euro, les supporters attendent autre chose de leur équipe nationale, y compris dans l’investissement et dans l’envie.

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Dick Advocaat l’a fait avant lui, pour quel résultat?

Et puis bon, ces entraîneurs à double casquettes, ça n’a jamais été une grande réussite. On peut citer ici des entraîneurs qui ne vous diront peut être rien comme Jean-Guy Wallemme, en charge du Congo-Brazzaville et de l’AJ Auxerre entre mars… et octobre 2012. Bilan: relégation avec le club français et un manque de soutien des cadres de l’équipe nationale. Il quittera donc son poste de sélectionneur avant de démissionner de l’AJ Auxerre.

Beaucoup plus proche de nous et un peu passé sous silence, il y a le cas Dick Advocaat. Rappelez-vous: à la tête des Diables depuis octobre 2009, il remporte deux des trois derniers matchs de qualification de la Coupe du Monde 2010. Insuffisant toutefois pour espérer se qualifier. En avril 2010, Advocaat décide de quitter la Belgique pour la Russie, s’attirant les foudres des supporters. Il faut se souvenir qu’entre-temps, l’entraîneur batave s’était engagé avec le club néerlandais de l’AZ Alkmaar. Et il se dit en coulisse que beaucoup n’ont pas apprécié sa décision de signer dans un club d’Eredivisie durant son mandat de sélectionneur fédéral.

Non vraiment, le seul cumul de fonction qui nous vient à l’esprit et qui s’est conclu par une réussite se cristallise autour du personnage de Guus Hiddink, un autre entraîneur néerlandais. Et il l’a fait deux fois lui, c’est le champion toutes catégories! En 2005-2006 d’abord, avec la PSV Eindhoven et l’Australie. Bilan: demi-finale de Ligue des champions avec le PSV et qualification pour la Coupe du Monde 2006 pour les Kangourous, une première depuis 1974. Concernant Chelsea et la Russie, ce fut moins brillant: Il est parvenu à décrocher une Cup avec le club londonien mais il n’est pas parvenu à qualifier l’équipe russe pour le Mondial sud-africain (2010).

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Mais qui alors?

Tout ceci pour vous dire que, pour nous, cette idée de double casquette n’est pas un bon postulat de départ. C’est un risque supplémentaire de déstabilisation du groupe. Et une voie royale pour créer des polémiques en cas de mauvais résultats. De part et d’autre d’ailleurs.

On conçoit que l’activité de sélectionneur national n’est pas non plus insurmontable au niveau de la charge de travail. Mais c’est un tâche ingrate qui met à rude épreuve les nerfs des hommes qui y passent. Et quand on sait que la bonne santé de Michel Preud’homme est toute relative, et qu’il a aussi une fâcheuse tendance à perdre son sang froid au bords des terrains, hé bien ce poste à lui seul pourrait lui suffire amplement, il ne faut pas cumuler avec Bruges.

Mais si c’est pour avoir un Michel Preud’homme usé physiquement et mentalement avec une double casquette, c’est clairement pas la peine. Malgré toutes ses qualités.

La logique voudrait alors qu’on se dirige vers un entraîneur étranger, libre de contrat. Et à ce petit jeu, même si ça ne nous réjouit qu’à moitié, Louis Van Gaal ou encore Rudi Garcia pourraient faire l’affaire. A moins qu’un outsider surprenne tout le monde dans le dernier sprint final. Et ce nom, nous l’avons pour vous en prime, que dites vous de Jürgen Klinsmann?

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