Merkel autorise les poursuites contre l’humoriste qui a traité Erdogan de zoophile mais tout peut encore arriver

Rien n’est encore décidé. La chancelière allemande Angela Merkel a autorisé les poursuites pénales contre Jan Böhmermann, l’humoriste allemand qui a comparé le président turc Recep Tayyip Erdogan à un « baiseur de chèvres ». Mais elle ne condamne pas l’humoriste. La décision de l’envoyer en prison est donc entre les mains du tribunal. Parallèlement, Angela Merkel veut modifier la loi constitutionnelle qui autorise exceptionnellement l’état à poursuivre ceux qui insultent un chef d’État étranger.

En Allemagne, l’article 103 de la Constitution autorise l’état à poursuivre toute personne qui profère des insultes à l’encontre d’un chef d’État étranger. C’est le cas de l’humoriste Jan Böhmermann, qui a récité un poème cochon à la télévision allemande où il traitait le président turc Recep Tayyip Erdogan de zoophile. Erdogan a rapidement répliqué en demandant à l’Allemagne de poursuivre l’humoriste. Ce vendredi, la chancelière Angela Merkel a annoncé qu’elle autorisait les poursuites pénales.

« Le gouvernement fédéral va accorder son autorisation dans la présente affaire », a déclaré vendredi la chancelière allemande. Le sort de Böhmermann est donc maintenant entre les mains de la justice allemande. Il risque une peine de prison allant de 6 mois à 3 ans. L’Allemagne respecte la liberté d’expression mais seulement dans certains cas. Avec l’article 103, la liberté d’expression peut aller se cacher très très loin.

Changer la loi

Parallèlement, Angela Merkel a annoncé qu’elle voulait modifier cette exception législative. « Je veux vous informer qu’indépendamment de cette procédure, le gouvernement est d’avis qu’on peut se dispenser de l’article 103 du code pénal, » rapporte le Figaro, citant la chancelière. Supprimer cet article signifierait qu’à l’avenir, les humoristes pourront se moquer sans crainte des chefs d’États étrangers. Mais pour le moment, ce n’est pas encore possible.

Merkel joue donc double jeu. D’un côté, elle soutient la liberté d’expression et d’un autre, elle soutient celui qui réprime régulièrement cette liberté de parole. Le président Erdogan est connu pour envoyer en prison les voix dissidentes de son pays: journalistes, opposants et manifestants. Ce qui a bien fait rire la twittosphère.

Sources: Le Figaro, Politico
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