Même Edward Snowden s’oppose à l’article 13 de la directive européenne sur le copyright

Après l’eurodéputée Julia Reda et le fondateur d’Internet Tim Berners-Lee, c’est au tour d’Edward Snowden de s’opposer au fameux « Article 13 ». Le lanceur d’alerte exhorte les citoyens de l’UE à demander une modification de la nouvelle directive sur le droit d’auteur.

« Dans moins d’un mois, le Parlement européen décidera non seulement d’une nouvelle loi sur le droit d’auteur, mais aussi de l’avenir d’un Internet libre et ouvert. Si vous êtes dans l’Union européenne, soyez actifs, rendez-vous sur pledge2019.eu et demandez à votre représentant de Sauvez votre Internet », a tweeté mardi Edward Snowden.

Sous le lien partagé par le lanceur d’alerte, on tombe sur un site lié à la pétition contre l’article 13 de la directive européenne sur le droit d’auteur. Pledge2019 parle sur le ton de l’urgence: les citoyens des États membres doivent prendre part au processus décisionnel politique, sinon ce sera fini de l’internet tel que vous le connaissez.

« Nous ne voterons que pour les représentants politiques qui auront voté contre l’article 13 et qui disent non aux filtres de téléchargement », est-il écrit en grand sur la page d’accueil du site.

Un appel au lobbying

À l’instar de l’eurodéputée Julia Reda et l’inventeur principal du web Tim Berners-Lee, Snowden appelle à la mobilisation citoyenne contre la directive sur le copyright.

Sur le site Pledge2019, un dispositif est intégré pour que tu puisses appeler rapidement un(e) de tes « représentant(e)s qui ne s’est pas encore engagé(e) ». Une fois entré ton numéro de téléphone, tu vas recevoir un appel gratuit dans la minute qui te mettra en contact avec le député européen. Pendant ce temps, la marche à suivre pour faire pression sur l’élu apparaît sur l’écran. Le site t’indique comment te présenter et comment formuler ton message.

« Vous appelez au sujet du prochain vote sur le droit d’auteur et de l’article 13 », précise le site. Si les députés ne sont pas d’accord, « expliquez les dangers de la loi avec vos propres mots, demandez-leur de reconsidérer la question, faites-leur savoir que la pétition contre cette loi est la plus grande jamais vue en Europe » et « remerciez-les pour leur temps. »

Précision: en Belgique, aucun représentant ne s’est encore engagé contre l’article 13.

« Liberté d’expression en danger »

Et que contient cet article 13? Il pourrait obliger les grosses plateformes du web à utiliser des filtres de téléchargement, soit des logiciels automatisés qui jugent si le contenu mis en ligne respecte le droit d’auteur. Lorsque ces algorithmes de filtrage observeront une infraction aux droits d’auteurs, ils pourraient supprimer tout simplement le contenu, que ce dernier soit de l’image, de la vidéo ou du son.

Ce qui sera néfaste sur plusieurs points, selon le collectif #SaveYourInternet, dans lequel on retrouve Epicenter Works, La Quadrature du Net ou encore Open Rights Group. « La censure sera automatisée. Des millions de sites, applications, vidéos et autres seront bloqués dans l’UE. Les parodies, les critiques de films, les vidéos Let’s Play, les mèmes et tout ce qui se base sur du matériel sous droit d’auteur seront bloqués par les filtres. Les créateurs devront se battre constamment pour contester les erreurs de filtrage. »

Cette automatisation pourrait renforcer le pouvoir des géants d’Internet, tels que Google ou Facebook, puisqu’ils seront « les seuls à avoir les moyens de répondre aux exigences requises ». Et le filtre que souhaite imposer l’UE sur les contenus dits extrémistes fera que « chaque post devra être analysé par les autorités. Ce qui n’est rien d’autre qu’une vaste machine de censure de l’Union européenne. »

Une résistance massive

En Europe et sur le Net, nombreux sont les mouvements et organisations à s’opposer à cette directive. La pétition réclamant l’arrêt de « cette machine de censure » a déjà récolté quasiment 5 millions de signatures. Le Parti Pirate Européen (PPEU), très actif en Suède et en Allemagne, a réussi à emmener de nombreux militants à s’exprimer par divers moyens contre ce nouveau règlement européen.

En tête de proue, on a la membre du Parlement européen Julia Reda qui souligne que plusieurs manifestations spontanées ont eu lieu ces derniers jours en Allemagne contre la directive. Ces marches où flottaient de nombreux drapeaux du PPEU se sont formées à Cologne, Munich, Stuttgart et Francfort mardi soir.

La date finale qui verra cette loi votée et scellée par les eurodéputés n’a pas encore été décidée. Mais, en principe, le vote final en plénière du Parlement européen devrait avoir lieu lorsque tous les 751 eurodéputés, élus directement pour représenter le peuple, disposeront d’un vote. Selon Julia Reda, cela pourrait tomber entre le 25 et le 28 mars, le 4 avril ou entre le 15 et le 18 avril. Jusque-là, tout peut encore changer.

Manifestation à Cologne mardi soir

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