Marine Le Pen devient enfin députée, mais le FN a pris une claque aux élections législatives

Il y aura huit députés étiquetés Front National ces cinq prochaines années à l’Assemblée Nationale. Parmi eux, leur chef de file, Marine Le Pen, qui imite enfin son père après deux échecs aux élections législatives. Mais s’il a réussi à déjouer les pronostics, le parti frontiste a raté son objectif d’avoir assez de députés pour constituer un groupe.

« Face à un bloc qui représente les intérêts de l’oligarchie, nous sommes la seule force de résistance »: Marine Le Pen a voulu livrer un discours de victoire à l’issue du deuxième tour des élections législatives dimanche soir.

Si on se borne à la réalité des chiffres, il y a de quoi: le Front National a quadruplé son nombre de députés, passant de deux à huit membres à l’Assemblée Nationale, malgré l’échec notamment de Florian Philippot, le numéro 2 du parti, en Moselle.

Et Marine Le Pen elle-même a enfin réussi à devenir députée après deux échecs ces dix dernières années, imitant son père Jean-Marie qui l’avait été en son temps. Sa victoire dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais a été éclatante, avec 58,6% des voix contre une candidate du président Emmanuel Macron. Cinq des députés frontistes ont d’ailleurs été élus dans le Nord Pas-de-Calais, où le FN avait déjà réalisé de très bons scores à l’élection présidentielle.

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Même le PS aura plus de poids

Mais pas question pour autant de sauter au plafond du côté du FN. Car s’il a réussi à déjouer les pronostics, qui ne lui donnaient que 1 à 5 députés, le parti d’extrême-droite a juste sauvé les meubles après un premier tour raté à ces législatives, qui avait été moins bon que celui de 2012, avec moins de candidats qualifiés pour le second tour!

« Nous ne devons pas crier victoire, le FN a pris un sacré coup dans la tête, il va falloir réfléchir très sérieusement au fonctionnement du mouvement », a avoué Gilbert Collard, réélu député FN, au Monde. Car comme l’explique Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l’extrême droite, au Point: « Huit députés, ce n’est pas ridicule. Mais cela reste très en retrait des attentes puisque le FN n’aura pas de groupe à l’Assemblée, ce qui le prive des moyens techniques, financiers et humains qui vont avec ».

Pour constituer un groupe à l’Assemblée Nationale et pouvoir avoir un réel poids, il faut au moins compter quinze députés. Avec huit députés, le compte n’y est pas. Marine Le Pen, Gilbert Collard et leurs compagnons devront se contenter d’un temps de parole limité, ils ne pourront pas accéder à la conférence des présidents de groupe et ils ne pourront pas influer sur le calendrier. Même le PS, avec 34 députés, a fait mieux et aura plus de poids malgré son échec à ces législatives.

La proportionnelle aurait tout changé

De quoi pousser Marine Le Pen à réclamer l’application de la proportionnelle. Un mode de scrutin qui lui aurait permis de faire mieux que le record de 1986, quand 35 députés FN (dont Jean-Marie Le Pen) avaient fait leur entrée à l’Assemblée Nationale… grâce à la proportionnelle, justement. Le FN aurait pu carrément dépasser les 100 députés ici. Pas sûr que la possibilité de voir plus de députés du FN à l’Assemblée Nationale dans le futur pousse Emmanuel Macron à revoir le mode de scrutin…

Il n’empêche que ce résultat est une petite claque pour le FN, qui espérait surfer sur la vague du premier tour de l’élection présidentielle. L’auto-proclamé « premier parti des Français », comme aime le dire Marine Le Pen, est encore loin d’avoir conquis la majeure partie de l’électorat et cela reste plutôt rassurant. Petite consolation pour la nouvelle députée: son statut lui permet d’accéder à l’immunité parlementaire. Toujours ça de pris alors que la justice a ouvert plusieurs enquêtes contre Marine Le Pen…

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