Hier soir, neuf gigas de documents de campagne d’Emmanuel Macron ont fuité sur internet. Rien de compromettant pour le candidat d’En Marche! mais une tentative de destibilisation qui rappelle une autre élection: les fuites de mails d’Hillary Clinton juste avant le scrutin. Et ce sont à nouveau des hackers russes qui sont soupçonnés. L’extrême-droite americaine s’est occupée de diffuser la fuite, tout autant que Wikileaks.
Selon le New-York Times, qui cite des experts de la sécurité, le même groupe de hackers russes, qui avait fait perdre l’élection présidentielle américaine à Hillary Clinton (selon elle), serait derrière la fuite des documents de campagne d’Emmanuel Macron.
Ces experts traquent en fait les activités du groupe depuis des mois, rapporte Le Soir. Le directeur des recherches Flashpoint, une entreprise privée de renseignements située à New-York, soupçonne le groupe de hackers APT28, qui serait directement relié à la Russie: « Cette opération semble avoir pour principal objectif d’ébranler la candidature de Macron à la présidentielle et de mettre le doute sur le processus électoral démocratique en général », a-t-il estimé.
Mais la France n’est pas l’Amérique. Les rapports ne sont pas aussi tendus avec la Russie, et pourtant: « Si la Russie est effectivement à l’origine de ce piratage, cela représente une escalade signification par rapport aux opérations russes précédentes qui visaient l’élection présidentielle américaine, élargissant l’approche et la portée de l’effort du simple espionnage vers des tentatives plus directes pour influencer le résultat », conclut le directeur.
La Libre note par ailleurs que ce groupe est aussi à l’origine du piratage de Proximus et de l’Otan, via la technique du hameçonnage (phishing).
« En plein dans la fachosphère »
En France, Libération a tenté de décrypter comment la propagation des documents s’est organisée sur internet. Le journal a donné la parole à un expert belge qui a retracé la propagation sur Twitter.
Pour le chercheur Nicolas Vanderbiest pas de doute: « C’est limpide. C’était le twitto Jack Posobiec, qui tweete le premier à 20h49 en renvoyant vers le fil de discussion de 4ChanNew Link qui a mis en ligne les documents. »
« Apparemment, il était aussi connu pour avoir relayé le hoax du « pizzagate » à Washington, qui affirmait qu’il existait un réseau de pédophilie autour du directeur de campagne de Hillary Clinton. C’est aussi lui qui avait relayé les documents sur le soi-disant compte de Macron aux Bahamas mercredi soir. » Il appartiendrait à la mouvance de l’extrême droite américaine. C’est aussi le rédacteur en chef de The Rebel TV, un site pro-Trump.
Cartographie de #Macronleaks à minuit.
— Nicolas Vanderbiest (@Nico_VanderB) 6 mai 2017
Mauve = Dénonciation
Vert = l'histoire d'amour entre le FN et les comptes US/Trump . Tout est dit pic.twitter.com/QVsyOdGTEi
Wikileaks
Pobosiec avait été précédé de peu par le twitto William Craddick, le premier a voir relayé l’info en masse. Mais qui est ce William Craddick? C’est le créateur du média Disobidient qui « est en plein milieu de la fachosphère » explique l’expert. On voit aussi sur le schéma du chercheur que Wikileaks est au centre de la propagation.
Comment comprendre ce schéma? « La couleur sépare en deux communautés. La fachosphère en vert, et ceux qui réfutent le MacronLeaks en mauve. » Dans l’ordre d’importance de la propagation on a donc Jack Posobiec, qui retweete à tous ses fans (107 000 abonnés), Disobedient ensuite, après le compte francophone OneEscapee et enfin Wikileaks. C’est pour ça qu’ils apparaissent tous dans le centre.
Mais d’après Nicolas Vanderbiest, est-ce qu’on est sûr que l’origine de la fuite est Russe? Beaucoup de comptes Twitter qui relayent les actualités russes ont participé à la propagation des documents. « Mais vous ne verrez jamais de Russes officiellement », conclut le chercheur pour Libération.
Meme l'avocat français de Wikileaks est écœuré…#Macronleaks pic.twitter.com/mCG9owKdjB
— Guillaume Blardone (@gblardone) 6 mai 2017