Macron a mis près de quatre mois à s’en rendre compte: « Les Français détestent les réformes »

La cote de popularité d’Emmanuel Macron fait marche arrière. Et avec les réformes qu’il prépare pour la rentrée, cela ne va pas aller en s’améliorant. Le président français a donc décidé de revoir sa com’. Il a retrouvé son franc-parler. 

« La France n’est pas un pays réformable, les Françaises et les Français détestent les réformes. Dès qu’on peut éviter les réformes, on ne les fait pas. C’est un peuple qui déteste cela. Il faut lui expliquer où on va, et il faut lui proposer de se transformer en profondeur… », a-t-il déclaré jeudi à Bucarest dans le cadre d’une visite à la communauté française de Roumanie.

… mais il y croit toujours

Soit un discours qu’Emmanuel Macron a déjà tenu à Angers durant la campagne présidentielle. Un discours qui lui a notamment permis d’être élu. Il lui aura fallu du temps pour en faire de même maintenant qu’il est en exercice.

Bon bien sûr, il y croit encore en son pays: « Se réformer pour ressembler aux autres, se réformer pour répondre à un chiffre, à une contrainte… Notre pays n’est pas fait ainsi. Par contre, se transformer en profondeur, pour retrouver le destin qui est le sien, la capacité à emmener l’Europe vers de nouveaux projets (…) ça c’est un combat », a-t-il poursuivi.

Pourquoi changer de ton?

Mais le ton a bel et bien changé. Pourquoi? Pour deux raisons essentiellement. La chute de sa cote de popularité, inexorable, mais qui est quand même descendue à 36%. En moins de quatre mois, ça fait mal. Ensuite parce qu’il sait qu’il va devoir faire passer des réformes douloureuses pour les Français. commencer par sa réforme du Code du travail, deuxième du nom. La première réforme dite Loi El Khomri, dont il était l’un des instigateurs, a poussé les gens à aller dans la rue au printemps dernier. À peine votée (en force) suite à un passage au 49,3, Macron compte déjà tout changer.

On est maintenant dans la dernière ligne droite: après de multiples consultations avec les partenaires sociaux (comme jamais auparavant) et qui prennent fin aujourd’hui, Emmanuel Macron doit présenter le texte final pour le 31 août. Il espère que sa réforme va passer crème, mais deux obstacles s’y opposent: d’abord le fait que les syndicats n’ont toujours pas pu consulter les ordonnances. En clair, ça veut dire qu’ils ne savent pas encore très bien de quoi il en retourne et que s’ils ne sont pas d’accord, ils ne le feront savoir qu’après le 31. Ensuite, les syndicats étudiants ont été les grands oubliés des consultations. Eh quand on se met les jeunes à dos, ça sent souvent le sapin en France.

Redescendre sur terre

Emmanuel Macron change donc son fusil d’épaule et derrière le discours de façade prononcé à Bucarest sur l’universalisme de la France, c’est bien les Français qu’il vise. Il compterait d’ailleurs (enfin) s’adresser à eux deux fois par mois, via la radio. Le président jupitérien entendrait ainsi redescendre un peu sur terre, histoire d’être le plus en phase possible avec les citoyens.

Son ton, plus franc, devrait aussi lui permettre d’être davantage audible. C’est en tout la stratégie qu’il est en train de mettre en place avec son équipe. Les mois à venir nous diront s’il avait raison.

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