« Ma vie n’est pas ton porno »: 30.000 sud-coréennes protestent contre les caméras espions cachées par les hommes

Une grande manifestation a pris place dans les rues de Séoul pour dénoncer les caméras espions cachées dans les lieux publics. Les Sud-Coréennes ne veulent plus être filmées à leur insu et souhaitent surtout que les responsables soient traduits en justice. 

C’est la plus grande manifestation pour les droits des femmes de l’histoire du pays: des milliers de militantes ont envahi les rues de Séoul, exhalant leur colère contre une société de plus en plus tournée vers la « pornographie cachée ».

Ce n’est pas moins de 30 000 femmes, masquées par crainte d’être exposées, qui ont marché depuis la gare de Hyehwa dans la capitale sud-coréenne de Séoul pour protester contre les hommes qui espionnent, à l’aide de micro caméra, les femmes sans méfiance dans les toilettes, les trains, les bus et les autres lieux publics.

Cet acte pornographique, connu sous le nom de « molka », est devenu de plus en plus populaire auprès de la population masculine et technophile de Corée du Sud.

« De nos jours, les femmes coréennes portent des masques pour se couvrir le visage et cherchent des trous dans les toilettes publiques. Des caméras espions sont cachées dans le mur, et même à l’intérieur des toilettes. Ces crimes sont endémiques, également commis dans les bains publics, les gymnases, les piscines et les hébergements » explique un internaute sur Twitter.

«Ma vie n’est pas ta pornographie»

Les manifestantes portaient des pancartes disant « Ma vie n’est pas ta pornographie » et « Je veux chier sans prendre garde », appelant à punir ceux qui produisent et consomment ce qu’on appelle le « porno d’espionnage ».

« La manifestation d’aujourd’hui était la plus grande manifestation féminine de l’histoire sud-coréenne. »

« En train de créer l’Histoire. Plus de 20 000 femmes sud-coréennes ont exhorté le gouvernement à sévir contre les crimes du « molka » (caméras d’espionnage) qui filment secrètement les femmes aux toilettes publiques / transports publics / bureau / école – dans la plus grande manifestation jamais organisée par les femmes dans la nation. »

La goutte qui a fait déborder le vase

Pour la deuxième fois en deux mois, les femmes ont défilé dans les rues pour protester contre l’impunité des auteurs de tels crimes, qui sont principalement des hommes. Le 19 mai, un rassemblement similaire a attiré au moins 12 000 femmes. Tout comme samedi, les manifestants couvraient leurs visages avec des masques et portaient des photos de caméras qu’elles déchiraient ensuite.

Bien que la question ne soit pas nouvelle, la vague actuelle de protestations a été déclenchée par un incident au début du mois de mai, lorsqu’une femme a été arrêtée pour avoir filmé et diffusé l’image d’un homme nu qui posait pour un cours d’art à l’Université Hongik.

La police a agi très rapidement et a amené la suspect en justice. L’affaire est devenue la goutte d’eau pour beaucoup de femmes, qui ont vu dans ces actes de la police des préjugés sexistes. « Personne n’a reçu autant d’attention médiatique que la victime de l’Université Hongik », a déclaré un organisateur de la manifestation du 19 mai, qui, comme ses camarades, a préféré garder l’anonymat par peur de vengeance.

« Bien que les femmes soient également victimes de caméras cachées, il est rare de voir les hommes être punis! », a-t-elle ajouté. La police a rejeté ces allégations de partialité, insistant sur le fait qu’elles traitent toutes les victimes de la même manière.

« Les femmes chantaient: ces hommes qui filment molka (spycam)! Ceux qui le téléchargent! Ceux qui le regardent! Tous devrait être arrêté et faire face à une sévère punition! Molka caché dans des paquets de cigarettes! Molka dans des bouteilles d’eau! Molka dans les clés de voiture! Molka dans les lunettes! Restreindre les ventes de molka! »

Sans suite…

Selon les statistiques de la police, les suspects dans les affaires « molka » sont massivement des hommes. En 2017, environ 96% des suspects capturés par la police étaient des hommes. Sur 5437, 119 ont été accusés et ont fait face à la justice. À plus grande échelle, seulement 2,6% des hommes soupçonnés ont été arrêtés entre 2012 et 2017, soit environ 540 personnes sur plus de 20 900 suspects.

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