L’indépendance catalane, la bombe à retardement du gouvernement Michel

La question de l’indépendance catalane est un véritable cas d’école (psychiatrique) pour le gouvernement Michel. Quelle position adopter face aux velléités catalanes dans le plus régionaliste des gouvernements européens? Ou comment ne pas fâcher ses partenaires européens (pro-Madrid) tout en satisfaisant la N-VA? Un véritable casse-tête pour le MR et Charles Michel.

Le bras de fer entre Madrid et la Catalogne se poursuit. Le président de la région séparatiste a annoncé sa volonté de déclarer l’indépendance dans les prochains jours, quitte à ce que cela se fasse dans le sang. Tant du côté de Madrid que de Barcelone, c’est la ligne dure qui semble l’emporter.

Face aux violences du weekend dernier, le gouvernement Michel a pris position. Dans un tweet, Charles Michel a été le premier dirigeant européen à condamner la répression madrilène: « La violence ne peut jamais constituer une réponse! Nous condamnons toutes les formes de violence et réaffirmons notre appel au dialogue politique.”

Impossible de passer à côté pour la N-VA

Sauf que cette violence ne constitue pas le seul motif de réaction pour l’équipe de Charles Michel. Le gouvernement, avec en son sein la N-VA, est le plus régionaliste des gouvernements européens. À ce titre, Jan Jambon et Theo Francken ont usé de tout leur pouvoir pour forcer le Premier ministre à réagir, rapporte Martin Buxant de l’Écho.

Si la N-VA a décidé de mettre le communautaire au frigo au profit du socio-économique, elle ne peut passer à côté de cette actualité déterminante pour son propre combat. Pour preuves, le rassemblement d’une centaine de nationalistes flamands devant l’ambassade d’Espagne, ou ce drapeau catalan accroché ce matin au-dessus d’une porte de la Chambre.

De plus, dès 2014 lors des négociations gouvernementales, Theo Francken avait insisté pour que les questions écossaise et catalane figurent dans l’accord de gouvernement. Cela signifie concrètement qu’en cas d’indépendance, le gouvernement Michel serait tenu de prendre position, logiquement en faveur des régionalistes.

Sauf que cette position est loin de satisfaire les partenaires européens de la Belgique. Didier Reynders, ministre des Affaires étrangères et donc en première ligne au niveau diplomatique, s’efforce de prendre position pour Madrid. Pour ne fâcher personne à l’extérieur.

Trouver le juste milieu

C’est là toute la question, comment trouver le juste milieu entre un parti régionaliste qui domine notre gouvernement, et le concert des nations européennes, largement défavorable à toutes velléités régionalistes.

Si de fait, l’indépendance catalane devait être actée, cela pourrait constituer un motif de séparation entre la N-VA et ses partenaires. Qu’on se le dise, la N-VA veut toujours l’indépendance de la Flandre. Pour preuve, le ministre-président flamand Geert Bourgeois, s’est déclaré « jaloux des Catalans » sur la VRT. « La N-VA est en faveur de l’autodétermination des peuples mais le chemin pour y arriver est encore long », a-t-il ajouté. Mais Bart De Wever tempère et se montre en faveur d’un dialogue à trois entre Madrid, Barcelone et la Commission européenne. Il entend aussi (jusqu’à présent) maintenir ses troupes dans l’accord de gouvernement.

Si le navire Michel pourrait tanguer, ce ne sera pas (encore) le cas de la Belgique: Bart De Wever sait que le contexte est différent et qu’un référendum n’est pas envisageable puisqu’une majorité de Flamands veut toujours de la Belgique. Mais la question catalane ne manquera pas de réveiller les membres les plus nationalistes de la N-VA.

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