L’improbable confession d’Abrini: « Je ne ferais pas de mal à une mouche »

Mohamed Abrini a commencé à parler aux enquêteurs. Et s’il a confirmé être l’homme au chapeau des attaques de Zaventem, le terroriste présumé chercherait surtout à minimiser son rôle dans les attentats: il rejette toute la faute sur les frères El Bakraoui et Najim Lachraoui. Un peu facile… Les enquêteurs continuent toutefois de penser qu’il était bien plus dangereux que Salah Abdeslam.

« Je ne ferais pas de mal à une mouche »: voilà ce qu’aurait déclaré Mohamed Abrini au juge d’instruction à qui il a été présenté. C’est ce qu’on apprend par BFMTV, qui s’est procuré ces déclarations.

Faut-il y croire, alors qu’il a avoué être l’homme au chapeau présent avec les deux kamikazes à l’aéroport de Zaventem avant que ces derniers ne se fassent exploser?

Abrini affirme ne jamais avoir été en Syrie

Ce sont d’ailleurs les kamikazes qui seraient derrière les attentats de Bruxelles, comprenez les frères Ibrahim et Khalid El Bakraoui, ainsi que Najim Lachraaoui. Abrini assure que s’il s’est associé à eux, c’était seulement pour se cacher et qu’il ne partageait pas leurs idées.

C’est un peu la même ligne de défense que son ami Salah Abdeslam: rejeter la faute sur les autres terroristes, qui eux sont morts. Abrini affirme au passage qu’il ne s’est jamais rendu en Syrie, alors que le parquet fédéral a précisé qu’il y était allé en 2015. Dans ce document, il n’est pas question de attentats de Paris et du rôle qu’il aurait pu jouer, mais seulement de ceux de Bruxelles.

Et son chapeau? Il a été revendu ou abandonné?

Dans l’aéroport de Zaventem, rien ne se serait passé comme prévu. Ibrahim El Bakraoui avait ciblé les halls de départ vers la Russie, Israël et les États-Unis. Abrini affirme qu’il s’est enfui après les deux explosions, qu’il a jeté sa veste dans une poubelle et s’est débarrassé de son chapeau.

Ici, on peut s’interroger sur ces « révélations »: les enquêteurs ont toujours dit que « l’homme au chapeau » avait abandonné ses explosifs avant que ses deux complices ne se fassent sauter. Abrini explique pourtant qu’il est parti après les explosions. Il avait aussi déclaré, lors des premiers interrogatoires, avoir revendu son fameux chapeau: là, il dit l’avoir abandonné. Quid de ce chapeau du coup? Et de cette veste que personne n’a jamais retrouvée?

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Abrini et Abdeslam en cavale ensemble

Abrini a également évoqué sa longue cavale. Il était fortement recherché depuis les attentats de Paris, dans lequel il pourrait aussi être impliqué. Il a ainsi expliqué qu’il était en compagnie de son ami d’enfance Salah Abdeslam quand tous les deux étaient encore en fuite.

Abrini et Abdesam se sont retrouvés dans la planque de Forest avec quatre autres personnes, dont les identités ne sont pas dévoilées. Abrini s’est aussi planqué à Schaerbeek, mais là ce n’est pas une révélation: ses empreintes ont été retrouvées dans l’appartement où les bombes des attentats de Bruxelles ont été confectionnées.

Durant sa cavale, Abrini aura mis tout en œuvre pour fuir la police: il aurait changé plusieurs fois de planque ou porté des perruque. Avant de se faire arrêter la semaine passée à Anderlecht.

Abrini est « plus du genre à agir dans l’ombre »

Pas sûr que les enquêteurs et le juge d’instruction gobent tout ça. Abrini est toujours considéré comme un homme clé des attentats de Bruxelles et de Paris. « On a toujours pensé qu’il tirait les ficelles. Qu’il était plus du genre à agir dans l’ombre… », affirme ainsi une source proche du dossier au Soir.

Abrini aurait ainsi été considéré comme plus dangereux que Salah Abdeslam quand les deux hommes étaient en fuite. Il va donc devoir se montrer très convaincant pour prouver aux enquêteurs qu’il ne « ferait pas de mal à une mouche ».

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Sources: BFM, Le Soir
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