On va bientôt voir les noms de Khalid et Ibrahim El Bakraoui ailleurs que dans la rubrique »faits divers ». Un collectif d’artistes de Copenhague veut inclure les deux kamikazes des attentats de Bruxelles dans une exposition qui va s’intéresser aux personnes « mortes pour leurs causes ». Ou comment faire de ces terroristes des martyrs, c’est-à-dire exactement ce qu’ils recherchaient en se faisant exploser au milieu d’innocents.
Au milieu de Jeanne d’Arc ou du philosophe grec Socrates on retrouverait les El Bakraoui et Mohamed Foued-Aggad, l’un des kamikazes du Bataclan. L’installation artistique doit ressembler à un musée, dans lequel on retrouverait des portraits de ces « martyrs », des répliques de leurs biens ou encore des plaques pour expliquer qui ils sont.
Un gant noir dans lequel l’un des El Bakraoui aurait caché un détonateur doit ainsi être exposé, rapporte The Guardian. Dans une pièce, l’attaque du Bataclan sera racontée selon le point de vue de Mohamed Foued-Aggad, qui s’est fait exploser dans la salle de concert le 13 novembre dernier, lors des attentats de Paris.
Les artistes ont refusé d’inclure Omar El-Hussein, qui a pourtant tué deux personnes dans un attentat en février dernier à Copenhague en février dernier avant d’être abattu par la police: selon eux, il est difficile de dire que cet homme était vraiment prêt à mourir pour ses convictions.
Une pièce de théâtre sur les idées du tueur Breivik
« Notre exposition doit vraiment décrire l’expression ‘marty’ sous différents angles et à travers l’histoire », a raconté à l’AFP Ida Grarup Nielsen, membre du collectif The Other Eye of The Tiger qui est à l’origine de cet évènement.
Ce collectif d’artistes est habitué à la provocation: leur « chef » avait mis en scène en 2012 une pièce de théâtre basée sur le manifeste d’Anders Behring Breivik, le tueur norvégien qui a abattu des dizaines d’innocents.
L’exposition doit s’appeler « Musée des Martyrs » et doit avoir lieu du 26 mai au 10 juin dans un ancien abattoir du quartier branché de Meatpacking District, à Copenhague.
L’exposition signalée à la police
Cette exposition a été signalée à la police et ce n’est donc pas sûr du tout qu’elle voit le jour. Ici, on parle d’une sacrée provocation: inclure des terroristes dans une exposition artistique, c’est osé, ou alors tout simplement honteux. Surtout que cela aurait lieu seulement quelques mois après les attentats de Paris, et seulement quelques semaines après ceux de Bruxelles, dans lesquels des centaines de personnes ont été tuées ou blessées.
Même si ce n’est pas le but, cette exposition ferait presque l’apologie du terrorisme en entrant dans le jeu de Daech, qui présente les kamikazes comme des « martyrs », morts pour une cause et une lutte nobles. Reste à voir si les autorités vont l’autoriser ou non.