Alors que le dernier contrat de vente d’armes entre la France et le Liban, financé en partie par l’Arabie Saoudite, vient de se rompre en faveur de cette dernière, l’étau se resserre autour du pays du Cèdre, toujours coincé entre l’axe Téhéran-Damas-Hezbollah et les monarchies du Golfe, menées par Riyad dont le flirt avec Israël est de moins en moins voilé…
En janvier dernier, la guerre froide entre États chiites et sunnites était officiellement déclarée par l’Arabie Saoudite en rompant tout contact avec l’Iran, et en étant suivie dans cette démarche par les pays du Golfe, et certains d’Afrique. Aujourd’hui, sans aller jusqu’à cet extrême, l’Arabie Saoudite sanctionne le Liban et exhorte ses ressortissants à revenir dans leur patrie. Un appel rapidement suivi par ses alliés (Qatar, Koweït, Bahreïn, Émirats Arabes Unis), après avoir officiellement désigné le Hezbollah libanais comme étant une « organisation terroriste ». Il n’aura pas fallu longtemps avant que le chef de cette milice ne déclare alors l’État saoudien comme son ennemi au même titre qu’Israël, contre lequel il est né et combat depuis plus de trente ans.
Les pions se déplacent sur l’échiquier du Moyen-Orient
En agissant de la sorte, l’Arabie Saoudite confirme son ascension dominante dans la région face aux pieds-à-terre occidentaux et soumet la France à reconsidérer sa position au Liban et à l’encontre du Hezbollah chiite, bras armé de l’Iran sur la côte méditerranéenne. L’escalade de ruptures et de tensions diplomatiques dans la région depuis le début de cette année conforte l’idée que le terrain privilégié pour résoudre ces enjeux sera une nouvelle fois le Liban. Les pions se replacent donc doucement sur le damier du Moyen-Orient et la partie devient en réalité de plus en plus lisible. Il reste aux joueurs à endosser leurs rôles respectifs : qui sera la tour, le cavalier, la dame ou le roi ? Faites vos jeux ! Seul le fou s’est déjà désigné. Allez, un indice : son prénom rime avec « bâtard ».