L’État français prend le contrôle d’une « jungle » de réfugiés, mais en fait, c’est pour mieux les virer

L’État français va prendre en charge le camp de réfugiés à Grande Synthe qui avait été construit par Médecins sans frontières. Il va signer une convention qui devrait au final fermer le camp. L’idée est de fermer l’entrée au camp et de démonter chaque cabane vide. Dans six mois, ce camp de MSF pourrait être totalement supprimé.

Les administrations françaises font tout pour que les migrants qui tentent d’atteindre la Grande-Bretagne galèrent un max. C’est ce que révèle le journal Le Monde en expliquant comment le camp de réfugiés de La Linière, à Grande Synthe, devrait disparaître dans quelques mois. Et cela, avec l’appui de l’État français.

Après avoir combattu la création de ce camp, l’État français en prend le pouvoir pour mieux le démonter. Ce lundi, le ministre de l’Intérieur français Bernard Cazeneuve se rend à Grande-Synthe, à 40 km de Calais, pour signer une convention. Celle-ci lui donnera le pouvoir de gestion du camp et lui permettra de, à terme, le fermer.

Démonter les cabanes vides

Le camp de La Linière a été monté cet hiver par Médecins sans frontières (MSF) et la municipalité écologiste de Grande-Synhte. Actuellement, on y trouve 380 cabanes en bois, dont 107 sont vides.L’idée est simple. Toutes les cabanes inoccupées seront démontées. Il suffit donc d’empêcher les nouveaux arrivants de s’installer et laisser les migrants présents quitter le camp.

Mais MSF, qui reste encore propriétaire du site, ne souhaite pas voir ces cabanes démontées. Pour MSF, « si demain matin 300 personnes arrivent, » il faudrait qu’on puisse les loger. Pour Franck Esnée, chef de mission chez MSF France, « c’est le rôle de ce camp tant que le gouvernement ne s’est pas mis en capacité d’offrir un accueil digne aux migrants ».

Déplacer le problème

Il est vrai que le nombre d’occupants de La Linière a diminué ces dernières semaines. On est passé de 1.022 migrants à 757. Mais on ne sait pas combien de réfugiés peuvent débarquer demain. Les réfugiés fuyant la Syrie et l’Irak continuent d’affluer, même si la route des Balkans a été fermée. De plus, de nombreux migrants tentent encore de traverser la Méditerranée, au péril de leur vie.

Et si ce camp est démonté, un autre sera construit à l’arrache un peu plus loin. Et dans celui-ci, les conditions de vie seront sans doute très mauvaises, voir dangereuses. Un camp nouveau, c’est la porte ouverte aux passeurs violents et au trafic d’humains. Pour traverser la Manche, les passeurs demandent actuellement 12.000 euros. Si le camp de La Linière est démonté, rien n’empêchera une nouvelle « jungle » de se recréer.

Source: Le Monde, Libération
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