Les travailleur-euse-s du sexe en colère contre Philippe Close: « Vous préparez une catastrophe »

« En voulant nous rendre invisibles dans la ville, vous préparez une triple catastrophe, sociale, sanitaire, sécuritaire », écrit UTSOPI dans une lettre adressée à Philippe Close (PS) ce mercredi. L’Union des travailleur-euse-s du sexe reproche au bourgmestre de la Ville de Bruxelles de ne pas aborder clairement la prostitution dans son programme électoral pour 2018-2024.

Le programme du PS à la Ville de Bruxelles pour les élections communales fait 208 pages. Les thèmes que les socialistes bruxellois veulent aborder sont très larges. Cela va de l’urbanisme à la propreté publique, en passant par la lutte contre la pauvreté publique, la culture et les espaces verts. Cinq pages sont ainsi dédiées uniquement au projet NEO, le projet de revitalisation du plateau du Heysel.

Le programme porté par le bourgmestre de la Ville de Bruxelles Philippe Close indique également vouloir « renforcer la lutte contre les nuisances liées à la prostitution ». Mais la question est abordée de façon très succincte et c’est problématique pour Utsopi, l’Union des Travailleur-euse-s du Sexe Organisées Pour l’Indépendance. « Dans votre programme (..) vous [ne] parlez pratiquement pas » de la prostitution: « une dizaine de lignes, tout au plus, au chapitre sécurité-prévention », dénoncent l’association dans une lettre publiée ce mercredi.

TDS = nuisances?

Utsopi déplore le fait que le « règlement Alhambra », adopté en août 2017, soit maintenu dans le programme socialiste alors qu’il « pénalise les clients et organise la chasse aux TDS [travailleur-euse-s du sexe, ndlr] dans le quartier ». Selon l’association de défense des TDS, ces dernier-ère-s sont associé-e-s à des nuisances dans le programme de Close.

Le « règlement Alhambra« , du nom du quartier éponyme, interdit aux TDS de pratiquer des formes de racolage. « Il est interdit à toute personne se trouvant sur l’espace public (…) de faire savoir par des paroles, des gestes, des attitudes ou des signes que des actes sexuels sont proposés contre rémunération », indique le règlement.

Pour lutter contre la prostitution et le proxénétisme, la ville a notamment interdit à plusieurs cafés de disposer de terrasses. Ces espaces « permettaient aux souteneurs de surveiller les filles 24h sur 24, et servaient également de plateformes de racolage pour de nombreuses prostituées », affirme le comité du quartier Alhambra.

« Tout répressif » et « catastrophe »

Un choix que Ustopi dénonce comme étant « celui du tout-répressif ». Elle ajoute: « Pour vous donner bonne conscience, vous dites « vouloir travailler avec les associations de terrain pour établir des trajets de sortie de la prostitution grâce à des projets de réinsertion ». Avec quelles associations? Avec quels moyens humains? Avec quel budget? Vous évoquez la réinsertion : concrètement, comment allez-vous faire pour assurer un emploi correct à tout TDS qui voudrait « sortir de la prostitution »? Votre programme est muet sur tous ces points. »

« En voulant nous rendre invisibles dans la ville, vous préparez une triple catastrophe, sociale, sanitaire, sécuritaire. Catastrophe sociale: la répression touche de plein fouet le gagne-pain des TDS. Catastrophe sanitaire: pour échapper à la répression, les TDS travaillent de plus en plus dans la clandestinité, dans de mauvaises conditions sanitaires. Acculées financièrement, certain-e-s TDS seront tenté-e-s d’accepter les pratiques à risque d’une minorité de clients. Catastrophe sécuritaire: les TDS sont rejeté-e-s vers les parcs, les parkings, les grands boulevards, où leur sécurité n’est pas assurée. »

On attend maintenant la réponse du bourgmestre socialiste, lui qui indiquait en 2017 à l’intention des associations concernées: « qu’elles ne comptent pas sur moi pour être le sparadrap de la misère humaine ».

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