Les programmes à la loupe: que disent les candidats à la présidentielle en France sur… le cannabis

Ça y est, c’est la dernière ligne droite avant le premier tour des élections présidentielles en France qui aura lieu le 23 avril. Pour que tu te fasses une idée claire des programmes de tous les candidats, nous te donnerons tous les jours de la semaine un comparatif de leurs propositions sur des thématiques bien précises. Ce lundi, on commence avec un sujet épineux: la drogue et plus précisément le cannabis. 

La légalisation ou la dépénalisation du cannabis fait de plus en plus débat dans beaucoup de pays européens et du monde. Aux États-Unis par exemple, plusieurs états comme la Californie ont décidé de légaliser la marijuana à usage récréatif. En Belgique, plusieurs partis et personnalités politiques proposent également de changer la législation concernant cette drogue douce. C’est le cas, par exemple, de Georges-Louis Bouchez et des jeunes du Mouvement Réformateur.

Mais en France comment ça se passe? Selon les chiffres de l’Inpes en 2014, on compte 1,4 millions de consommateurs réguliers dans l’Hexagone. En tout, on estime à 10,9 millions le nombre de Français ayant déjà fumé de l’herbe. De plus, en 2010 le cannabis représentait 1,1 milliard d’euros, c’est juste énorme pour une substance jugée illégale. Il y a donc de l’argent à se faire pour l’état mais surtout il y a des enjeux sociaux importants liés au cannabis comme la délinquance, la décrochage scolaire, et bien sûr la santé. Alors comment se positionnent les principaux candidats aux élections présidentielles par rapport à cette thématique. On fait le point.

Benoit Hamon: légaliser pour les majeurs

Le candidat du Parti Socialiste est pour une légalisation mais émet quelques conditions. En effet, seuls les personnes majeurs pourront fumer sans risque. Benoit Hamon compte « encadrer le distribution pour tarir les trafics à la source et protéger nos citoyens des pratiques des dealers. J’utiliserai les moyens dégagés pour mieux prévenir la consommation de drogues. »

Il compte ainsi supprimer les « produits de mauvaise qualité du marché » et ainsi préserver un tant soit peu la santé des Français. En d’autres mots, mieux vaut la prévention que la répression pour Benoit Hamon.

Marine Le Pen et François Fillon: contre la dépénalisation et la légalisation

La question du cannabis n’apparaît pas dans le programme de Marine Le Pen. Pour se faire une idée de sa position, il faut se fier aux propos de David Rachline, son directeur de campagne. En octobre 2016, il déclarait sur France 2 que légaliser le cannabis était « une idée délirante ». Selon lui, il faut « lutter de toutes nos forces contre les trafiquants de drogue. » Aucun changement à prévoir donc si Marine Le Pen prend le pouvoir si ce n’est plus de répression.

Bon avec François Fillon, c’est très clair: il est contre toute forme de dépénalisation et de légalisation. En janvier 2016, il déclarait sur BFMTV: « Il y a une augmentation de la consommation notamment chez les jeunes, mais (…) l’argument qui consiste à dire que parce que la consommation augmente on va tout libéraliser ne me satisfait pas. Face à un fléau comme celui-là il n’y a pas de bonne solution »

De plus, le candidat des Républicains n’est pas convaincu par le modèle des Pays-Bas, où la consommation du cannabis est légal: « On ne peut pas dire que là où c’est dépénalisé il y a moins de consommateurs. »

Jean-Luc Mélenchon: Légalisation et encadrement

Globalement, Jean-Luc Mélenchon est d’accord avec Benoit Hamon. Mais le candidat de La France Insoumise va plus loin. En plus de la légalisation, Jean-Luc Mélenchon met surtout l’accent sur l’encadrement. Selon lui, il faut traiter la marijuana comme l’alcool ou le tabac. Dans une vidéo publiée sur son site il explique: « Je veux que l’on puisse faire campagne contre le cannabis. Pour cela, il faut le légaliser. (…) Et qu’on ne vienne pas me dire que je suis hypocrite. Ce qui est hypocrite, c’est de dire on l’interdit alors qu’on sait que tout le monde fume. »

Donc, il faut encadrer la production, la vente et la consommation. Cela passe par un contrôle de la qualité des produits et de la quantité écoulée. La production et la vente seront encadrées par l’Etat, les produits seront taxés et ne pourront être vendus aux mêmes endroits que l’alcool. Le cannabis sera également interdit aux mineurs. De plus, l’argent récolté grâce aux taxes permettra de lutter contre l’addiction et de mettre en place des campagnes de prévention.

Emmanuel Macron: la « contraventionnalisation »

La position de Macron a longtemps été obscure par rapport au cannabis. En novembre dernier, il s’est d’abord dit favorable à une dépénalisation de la détention en petite quantité. Mais dans un entretien avec Le Figaro, il a plaidé la tolérance zéro en assurant qu’il était contre la légalisation du cannabis. En fait, il propose que les policiers puissent directement coller une amende de 100€ aux consommateurs pris la main dans le sac. Il juge cette mesure « plus dissuasive et efficace qu’une réponse pénale plus tardive et théorique. » Or, on parle de dépénalisation dès que la consommation n’est plus constitutive d’un délit, même si il est sanctionnée d’une contravention. On parle donc de « contraventionnalisation », un mot compliqué pour un concept plutôt simple.

Alors, quel candidat te convainc le plus sur cette thématique?

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