Les pétitions en ligne sont-elles efficaces?

La pétition permet de porter une problématique à la connaissance de l’opinion publique, c’est un outil de plaidoyer politique, un moyen de mettre la pression sur les dirigeants et une aubaine pour ouvrir le débat avec ceux-ci. 

La pétition est efficace pour autant qu’elle soit comprise dans une stratégie globale de changement. La pétition a plusieurs qualités possibles selon qu’elles se combinent ou sont prises séparément. D’abord, elles expriment l’opinion d’un nombre donné de personnes qui, de ce fait, disposent d’un certain moyen de pression sur la personne qu’ils ont élue et à qui la pétition est destinée. Cette influence des citoyens vaut à tous les niveaux: local, national ou international. Il en va de même la pétition signée par les habitants d’une commune destinée à son bourgmestre comme de centaines de milliers de cartes postales envoyées du monde entier pour exiger la libération d’un prisonnier. C’est un outil qui permet de rameuter du monde autour d’une problématique et de faire du bruit.

La pétition montre la capacité de « nuisance » qu’auraient ses initiateurs.

Cela fait longtemps que le concept de la pétition existe, même si, aujourd’hui, c’est sous sa forme 2.0. Il est vrai que nous sommes toujours étonnés de voir que l’on peut récolter 8.000 à 12.000 signatures en cinq jours… Ce qui était beaucoup plus compliqué auparavant puisqu’il fallait aller dans la rue, parler avec des gens, les convaincre de signer. Ici, tout va beaucoup plus vite mais c’est un procédé qui est relativement proche du principe citoyen et démocratique suivant: je suis élu par des gens et s’ils m’interpellent et sont en désaccord durant mon mandat, je risque de perdre leur voix. Cela est vrai localement mais aussi sur la scène internationale. En étant le dirigeant de la Corée du Nord, peut-être qu’à un moment donné, j’aurai besoin de soutien et que j’aurai plus de mal à en trouver si ma réputation a été construite autour de pétitions ou d’actions menées à mon encontre. Cela étant dit, la pétition est un outil qui doit s’inscrire dans une stratégie générale d’action.

Elle n’a pas de sens si on ne la recadre pas dans un processus plus global de changement. Elle arrive à un moment donné où l’on pense qu’elle est, stratégiquement, efficace et elle est alors accompagnée de toute une série de mesures. Celles prises en amont : il s’agit de faire connaitre la cause que sert la pétition afin que le potentiel signataire soit informé, comprenne l’intérêt d’une telle action et y réagisse. Et en aval : l’usage qui en est fait. Dans un certain nombre de cas, il s’agira de simplement envoyer l’ensemble des signatures à la personne concernée. Souvent, il s’agit de les remettre de façon visible, à l’occasion d’une action. Le document imprimé est important. Il est une trace tangible et non pas un fichier vite effacé.

Les pétitions en ligne sont-elles aussi efficaces que les pétitions papier?

La question est moins de savoir comment on récolte des signatures que ce que l’on en fait une fois que la pétition a été signée. Il faut se servir de ces signatures comme d’une aubaine pour mettre une problématique sur la table des dirigeants, ouvrir le débat et remettre, dans notre cas, le rapport sur lequel la pétition se base.

Elle est donc un instrument de plaidoyer politique et un moyen de montrer une capacité de pression – directement sur les dirigeants comme sur des acteurs-tiers qui, à leur tour, peuvent faire pression sur les gouvernements eux-mêmes. Imaginons que nous lancions une pétition sur l’armement par la Région wallonne de l’Arabie saoudite et qu’elle est signée par 100 000 personnes dans l’Union européenne, les sections qui organisent les signatures dans leur pays iraient en parler à leur ministre des Affaires étrangères, lesquels en parleraient dans les enceintes internationales, faisant écho auprès du ministre-Président wallon de la position de leurs citoyens. Enfin, la pétition est un moyen de porter une problématique à la connaissance de l’opinion publique (personne ne connaissait Aung San Suu Kyi, en Europe, avant la campagne de soutien). Les instruments de pression sont pluriels mais la pétition est révélatrice de la représentativité d’une proposition dans l’opinion publique.

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