Les néonazis et les hooligans se sont trouvés: ensemble ils vont « nous » délivrer de l’islam

Une violente confrontation a eu lieu vendredi soir à Stockholm entre plus d’une centaine de supporters de foot, de néonazis et d’à-peu-près tous ceux qui n’étaient pas Suédois. Quelques jours auparavant, est apparu en Allemagne un rapport de police qui s’appuyait sur un autre rapport sur les évènements de la nuit du nouvel an, à Cologne. Ce rapport conclut qu’il y a une augmentation spectaculaire d’actes de violence due à une alliance entre néonazis, extrême-droite et hooligans. Ces derniers ont uni leurs forces contre un « ennemi commun »: les musulmans. Cette « alliance impie » avait déjà été forgée dans une ferme, non loin de la frontière, en février 2012.  

En Suède, une timide réaction voit le jour depuis le raid de xénophobes masqués dans les rues de Stockholm. Les auteurs des faits avaient alors distribué des tracts dans lesquels ils prétendaient qu' »ils (les étrangers) violent nos femmes » et que ce qu’ils faisaient était avant tout de « protéger nos femmes ».

Avec le hashtag #notyourwoman/inteerkvinna, des Suédoises ont laissé entendre leur désaccord. Elles n’acceptent pas d’être considérées comme les femmes d’hommes violents qui s’en prennent aux autres du seul fait de leur couleur de peau.

Mais d’autres voix s’élèvent pour glorifier les auteurs du raid. Comme: « Mieux vaut une dictature bien de chez nous que l’infiltration d’une culture étrangère violente et intolérante qui n’est pas la nôtre. »

Rien d’étonnant

En Suède, ni les chercheurs ni les services de sécurité ne semblent surpris après l’incident de vendredi. Ils prévoient déjà depuis longtemps des attaques violentes et organisées sur les migrants.

La politologue Agneta Blom a encore remis il y a deux semaine aux autorités suédoises un rapport dans lequel elle décrit comment les supporters de foot et les néonazis en Suède se sont alliés derrière une rhétorique de la xénophobie. « Mais », dit-elle dans le rapport, « les motifs politiques ne sont qu’une excuse pour commettre des actes de violence. Semer la terreur est leur premier objectif ». Et cela ne devrait pas être sous-estimé: « These connections are serious. We must not reduce the risk of having a violence culture in society », prévient-elle.

« C’est quand même du sérieux »

Säpo, la police de sécurité suédoise, ne le nie pas. Au contraire. Elle a aussi fait part des amours récents entre « l’extrême droite idéologique » et les supporters de foot. « C’est quand même du sérieux. Quand on sait par exemple que les hooligans de AIK et Djurgården, qui se sont toujours haïs comme la peste, ont été convaincus par la Nordiska Motståndsrörelsen de se retourner ensemble contre les étrangers, ça en dit long. »

Les violences commises par des supporters de foot ont depuis quelques années le vent en poupe. La situation est plus grave dans certains pays, mais aucun pays européen n’échappe à la tendance. Les Pays-Bas sont un excellent exemple. Il n’y a pas si longtemps, des supporters d’Ajax ont pété les plombs et ont intimidé les passagers de neuf rames de train en à peine 20 minutes.

En général, il est admis dans les milieux de la sécurité que les lois dans les pays européens sont trop peu sévères contre les violences dans le foot, ce qui empêche le phénomène de disparaître.

Une petite fête à la ferme

On remarque à présent des liens de plus en plus forts entre les supporters de foot et les milieux néonazis. Ce lien a toujours existé, mais n’a jamais été si structuré. Cela semble avoir changé à la lumière de la crise des réfugiés. Quoi que.

En février 2012, il n’était pas encore question de crise migratoire. Or Siegfried Borchardt, un célèbre néonazi qui a même siégé pendant quelques mois au conseil communal de Dortmund, a réuni 17 groupes néonazis lors d’un rendez-vous secret, pour un « cross-club exchange » dans une ferme rhénane. Un bon nombre de dirigeants de groupe néonazis y étaient présents.

Gnu Honnters & Hogesa

Un nouveau groupement, baptisé Gnu Honntersi, un malapropisme pour « nouveaux chasseurs », est né de cette réunion. Sur les photos de l’assemblée, on peut voir que sa création fut scellée avec le salut hitlérien.

Début 2013, le noyau dur de Gnu Honnters comptait 300 membres. Des partisans furent notamment recrutés pendant des tournois de foot comme la « Swastika Cup », à Karlsruhe ou dans les tribunes de clubs de foot dans la première classe allemande. Ainsi, Dortmund était complètement infiltré par des hooligans de foot. Le club a réagi avec une campagne pour chasser les hooligans et les a poussés sans le savoir dans les bras de la Nationale Wilderstand.

Vers 2014 le mouvement a été renommé Hogesa, « Hooligans contre les Salafistes ». Actuellement, Hogesa compte, selon un rapport de police de la semaine passée, presque 12.000 adhérents actifs. Mais « cela pourrait être aussi 22.000 ».

« Extrémistes de droite orientés vers la violence »

Dans le rapport, ils sont baptisés d' »extrémistes de droite orientés vers la violence ». Le nombre d’infractions qu’ils ont commis en 2015 en Allemagne est largement supérieur à celui des délits commis par les réfugiés et les demandeurs d’asile. Il s’agit d’environ 846 actes de violence contre des citoyens.

Des néonazis sont entrés dans des centres d’asile avec des couteaux de cuisine de 20 cm. Apparemment, ils aiment aussi uriner sur les gens, de préférence des femmes et des enfants. L’an passé, on compte plus de 10.000 plaintes enregistrées par des citoyens qui ont été intimidés dans la rue par des partisans d’Hogesa. À moins qu’ils préfèrent mettre le feu aux lieux où des réfugiés et des migrants vivent.

L’an passé, il y a eu 567 incendies criminels de la sorte. Seules quatre personnes ont été condamnées jusqu’à présent.

« Héros »

En Allemagne, ces dernières années, 849 meurtres ont été commis avec « indications pour motif d’extrême droite ». Noor Anders Breivik, qui est considéré comme une sorte de « héros » dans le milieu des « extrémistes de droite orientés vers la violence », a tué au total 77 personnes le 22 juillet 2011. Dans son manifeste, intitulé 2083: Une déclaration européenne d’indépendance, il écrit que le « marxisme culturel » et l’islam étaient ses ennemis.

Un autre « héros » est le Suédois Peter Mangs. Ce dernier a tué trois personnes et entrepris au total douze tentatives de meurtres sur des migrants à Malmö. Il a été arrêté seulement après sept ans. Il y a trois mois, un jeune de 21 ans, Anton Lundin Pettersson, a pénétré dans une école dans la ville suédoise de Trollhättan. Le jeune terroriste était armé d’une épée et portait un masque noir. Il a tué trois personnes et a choisi ses victimes sur base de leur couleur de peau. Il s’est ensuite avéré que Pettersson se passionnait pour le nazisme.

Aussi bien en Suède qu’en Allemagne, la violence inspirée de l’extrême droite a augmenté de 40 % ces derniers mois.

EPA
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