Les étudiants en médecine choisissent la solution offensive et attaquent l’État belge: voici pourquoi

Un sérieux bras de fer est en train de se jouer entre les étudiants francophones en médecine et l’État belge. Un combat qui est né suite à l’absence de décision politique au sujet des quotas, censés assurer un numéro Inami pour 2022. Quotas, numéros Inami, concours, examen d’entrée… on t’explique tout pour que tu puisses te forger ta propre opinion.

L’INAMI est l’institut d’assurance Maladie-Invalidité. Outre le fait d’assurer des soins de santé à 99% de la population belge et de déterminer les conditions afin d’obtenir différentes indemnités, l’organisme contrôle les professionnels de la santé.

Alors quand tu te lances dans des études en médecine ou en dentisterie, tu as besoin d’un numéro Inami pour effectuer ta spécialisation et pour par la suite exercer ton métier. Le nombre de numéros Inami est limité et est fixé par l’État fédéral. Ça veut dire qu’il détermine le nombre d’étudiants francophones et néerlandophones pouvant poursuivre l’aventure. C’est ensuite à chaque communauté de filtrer ses étudiants pour qu’ils ne dépassent pas les quotas établis.

Examen d’entrée et concours

En Flandre, le concours d’entrée est inscrit depuis longtemps dans les mentalités. En Wallonie, il vient d’être mis en place pour la septembre prochain et concerne donc les étudiants pour la période 2017-2023. En outre, un concours en fin de première année y est aussi organisé en juin. Il a été annulé en 2016 dans le sud du pays suite à la plainte des fameux « reçus-collés » devant le Conseil d’État.

Le souci provenait des quotas eux-mêmes, ils n’étaient pas basés sur les besoins réels, le classement du concours a donc dû être annulé et le Ministre de l’Enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt (PS), a été contraint de laisser passer l’ensemble des étudiants. Un camouflet pour la ministre fédérale de la Santé, Maggie De Block (Open-VLD), qui n’a pas rencontré les mêmes problèmes au nord du pays.

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Disparité nord-sud

Pourquoi? D’abord car comme énoncé plus tôt, la Flandre organise un examen d’entrée depuis une vingtaine d’année. Ensuite parce que l’approche culturelle sur l’économie des soins de santé est différente, note Le Soir dans son édition de ce lundi.

La preuve avec le « lissage négatif« : on a remarqué que la Fédération Wallonie-Bruxelles avait formé 1.531 médecins surnuméraires, alors que la Flandre en avait un petit millier trop peu. Or, on ne se bouscule pas du côté du nord du pays pour effectuer un « lissage positif » et combler ainsi les médecins déficitaires.

Action en justice

Pour en revenir au concours de ce mois de juin 2017 (et qui concerne donc les médecins qui entameront une spécialisation en 2022), c’est le même topo qu’en 2016. L’absence de décision politique concernant le quota de 2023 a créé un front commun étudiant. La FEF (Fédération des étudiants francophones), le CIUM (Comité interuniversitaire des étudiants en médecine) et les fédérations étudiantes d’universités concernées (UCL, ULB, ULg et UNamur) ont mandaté les avocats Luc Misson et Aurélie Kettels pour assigner l’État belge en référé, affirme encore Le Soir. Le but? Annuler le concours avant son déroulement le 20 juin prochain.

Les étudiants francophones connaîtront-ils la même réussite qu’en juin 2016? Tout indique que oui. Le fédéral ne semble toujours pas avoir blindé juridiquement le concours. La ministre de la Santé se borne à sa décision, tout en sachant qu’elle est défavorable pour les francophones et qu’elle ne tient pas compte de la Commission de planification (c’est elle qui affine les chiffres et détermine les besoins réels de médecins dans notre pays). Reste que le quota 2022 n’a toujours pas été fixé et qu’on imagine mal un concours s’organiser dans de telles conditions, surtout quand on sait ce qui est advenu au concours 2016.

Ne plus étudier?

Est-ce que ça veut dire que tu peux déjà lâcher tes cahiers? Pas si vite! Pas sûr qu’une décision de justice intervienne avant le début du concours et puis même s’il est juste suspendu, « il n’est pas impossible qu’un nouveau concours soit organisé », précisent les avocats au Soir. Au boulot donc! Tu devras de toute manière réussir 45 crédits sur les 60 que comporte le programme.

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