Le Venezuela a coupé l’accès à Wikipédia, à cause d’un article sur un opposant à Maduro

Nicolas Maduro s’est encore attaqué aux libertés de son peuple. Après avoir mis la main sur les banques, il semblerait que le président vénézuélien ait fait couper l’accès à plusieurs sites web, dont l’encyclopédie en ligne Wikipedia. La censure aurait débuté avec une guerre d’édition sur la page du nouveau président de l’Assemblée nationale.

C’est Netblocks qui a repéré la faille samedi passé. L’association qui surveille la liberté d’accès à Internet dans le monde a observé que les différentes versions existantes de Wikipédia n’étaient plus accessibles au Venezuela ces deux derniers jours.

La restriction d’accès a été imposée, selon les preuves recueillies par Netblocks, par CANTV, soit le principal fournisseur d’accès à Internet du pays. CANTV est une entreprise qui appartient à l’État. Le fait que l’accès à l’encyclopédie participative et gratuite ait été coupé porte à croire que cette censure ciblée ait été commandée par Nicolas Maduro, le président du Venezuela.

60.000 tests

Netblocks a découvert l’interdiction d’accéder à Wikipédia et à d’autres services en tentant d’ouvrir les pages plus de 60.000 fois depuis 150 points différents du pays et via différents réseaux. Cette perturbation majeure de l’infrastructure de télécommunication a eu « une incidence sur la capacité des Vénézuéliens à communiquer et à accéder aux informations au cours des dernières 24 heures », écrivait l’organisme de surveillance samedi.

Il faut savoir que ce blocage est loin d’être anodin puisque le site enregistre à peu près 60 millions de visites mensuelles depuis le Venezuela, un pays où environ 16 millions de personnes (la moitié de la population) ont accès à Internet. Avant lui, seule la Turquie d’Erdogan avait déjà bloqué l’accès à Wikipédia.

Juan Guaidó

Ce lundi, la restriction semble avoir été en partie levée mais certaines pages Wikipédia sont toujours bloquées au Venezuela, a tweeté Wikimedia Venezuela. La guerre a débuté sur la page de Juan Guaidó, opposant majeur au président Maduro. Cette page a été la cible d’une véritable guerre de l’édition. Plusieurs rédacteurs se sont querellés sur les modifications à apporter à la page du nouvellement nommé président de l’Assemblée nationale vénézuélienne.

Après son investiture, Juan Guaidó aurait publiquement déclaré que Maduro était un imposteur, selon plusieurs médias des Caraïbes. Ce qui lui a valu d’être brièvement arrêté. Sur sa page Wikipédia, certains essayaient de le présenter comme le « président numéro 51 de la République bolivarienne du Venezuela ». Ce lundi, les modifications sur cette page n’ont toujours pas été autorisées – débloquées – par les derniers éditeurs, ces derniers étant sans doute affiliés au gouvernement.

Mainmise sur Internet

Maduro a, depuis quelques années, particulièrement resserré l’accès à l’information, cherchant à contrôler toutes les sources possibles. Un Vénézuélien explique sur Reddit que son programme radio préféré a disparu du jour au lendemain, après que les journalistes ait raconté l’histoire de Luisa Ortega. Cette procureure générale de la République a dû fuir le pays après avoir enquêté sur des policiers ayant tué des manifestants.

Un autre « redditor » souligne que les sites pornographiques tels que Pornhub ou XVideo ont été bloqués également. Cette mainmise sur l’accès à Internet a poussé de nombreux Vénézuéliens à utiliser des VPN pour contourner la censure et le blocage. Les cryptomonnaies sont devenus une véritable alternative dans ce pays où les banques sont sous le contrôle de l’État. Les Vénézueliens ont tellement le couteau sous la gorge que certains ont choisi de demander de l’aide sur Twitter via le hashtag #serviciopublico. Des appels à l’aide qui, plus que jamais, présentent un avenir inquiétant du pays.

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