Le Trump des tropiques à la tête du Brésil: un président homophobe, climatosceptique et xénophobe

La quatrième plus grande démocratie au monde vient d’élire une personne très radicale comme président. Jair Bolsonaro est le nouveau président du Brésil. Ce populiste de droite a obtenu 55% des voix. Il ne croit pas au changement climatique, veut retirer son pays des accords de Paris. Il préférerait voir son fils mort plutôt qu’homosexuel et veut assouplir les lois sur les armes. Bienvenue au Brésil en 2018.

Jair Bolsonera a remporté les élections face à Fernando Haddad, du parti travailliste de gauche. Au total, quelque 147 millions de Brésiliens étaient appelés à s’exprimer dans les urnes. Après l’Inde, les États-Unis et l’Indonésie, cela fait du Brésil la 4e plus grande démocratie au monde.

La victoire de Bolsonera ne faisait que peu de doutes. Il y a trois semaines, il avait effectivement remporté le premier tour mais sans majorité absolue. Du coup, les Brésiliens ont dû se prononcer une 2e fois.

La campagne électorale a été particulièrement intense. Bolsonero a été poignardé par un homme de gauche au début de la campagne en septembre. Le futur président a non seulement récupéré rapidement, mais en a aussi bénéficié depuis son lit d’hôpital.

Bolsonero, âgé de 63 ans, est un ancien soldat. Mais, fâché avec le sommet de sa hiérarchie, il a préféré opter pour une carrière politique et fut membre du Congrès pendant près de 30 ans. Bolsonero est connu pour ses propos controversés et ses propositions-chocs. Il a exprimé son admiration pour la dictature militaire au Brésil (1964-1985) et a fait plusieurs déclarations racistes et homophobes.

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Des armes pour les citoyens

Le populiste n’a aucune sympathie pour la communauté LGBT. Il préférerait avoir un fils mort qu’homosexuel. Pour lui, l’homosexualité est une conséquence du fait que les enfants ne sont pas assez battus. « Je ne suis pas homophobe, mais quand je vois deux hommes s’embrasser en rue, ils me heurtent », a-t-il déclaré récemment. Le nouveau président est aussi ouvertement xénophobe: « Les Noirs sont stupides et paresseux. »

Ambiance. Les recettes restent les mêmes partout: Bolsonero reste très populaire, notamment pour son discours anti-establishment. Il a promis de remettre de l’ordre dans un pays miné par la corruption, la violence et le chaos économique.

Bolsonero veut lutter contre la criminalité, déprivatiser les entreprises publiques et veut s’attaquer à la bureaucratie du pays. Des lois moins strictes sur les armes doivent aussi permettre à chaque Brésilien de se défendre contre les criminels.

Le nouveau président élu a aussi promis que la police – qui n’a pas vraiment la réputation d’être pacifiste – tirerait plus souvent sur les criminels. « Le seul bon criminel est un criminel mort », est l’un de ses slogans favoris. « Un policier qui ne tue personne n’est pas un policier ».

Contrairement aux trois quarts de ses collègues parlementaires, Bolsonaro n’est pas soupçonné d’être impliqué dans un scandale de corruption. C’est l’une de ses grandes promesses de campagne: il veut lutter contre la corruption politique, notamment en nommant des militaires dans son cabinet, tout en réduisant le nombre de ministères.

Les groupes minoritaires doivent aussi se plier à la majorité. Cela vaut pour les femmes, les défenseurs des droits de l’homme et de l’environnement, les journalistes, ou les artistes. « Cette terre nous appartient, pas à eux », a-t-il déclaré, se référant à la majorité des « Brésiliens normaux ». C’est eux qu’il représente. Bolsonero peut également remercier les réseaux sociaux et les footballeurs, la plupart des grandes stars brésiliennes lui ont apporté leur soutien.

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Déni climatique

Bolosero ne croit pas au changement climatique. Il veut retirer son pays des accords de Paris sur le climat. De manière générale, il ne fait pas de la législation environnementale une priorité. Le ministère de l’Environnement va d’ailleurs fusionner avec le ministère de l’Agriculture. Les entreprises seront désormais autorisées à développer des activités économiques telles que l’exploitation forestière et minière dans les zones de l’Amazonie, alors que ce sont des zones encore protégées aujourd’hui. Les peuples autochtones qui y vivent sont priés de déménager.

Son discours lui a déjà valu un petit surnom: « Le Trump des tropiques ». Il est aussi souvent comparé à Rodrigo Duterte, président des Philippines.

Dieu! Dieu! Dieu!

Le Brésil s’apprête à vivre un cauchemar éveillé. Les tensions sont vives. Dès l’annonce des résultats, opposants et partisans se sont opposés dans les rues de Sao Paulo, la plus grande ville du pays.

Bolsonero est aussi très croyant. Devant son peuple, il a promis de respecter la constitution et les libertés individuelles: « C’est une promesse, pas la parole vide d’un homme, c’est une promesse à Dieu ». Avant d’ajouter sur sa page Facebook: « À partir de maintenant, il n’y aura plus de flirt avec le socialisme, le communisme, le populisme et l’extrémisme de gauche, maintenant nous allons conduire Dieu. »

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