Le trafic d’être humain est partout aujourd’hui, même sur WhatsApp et Facebook. Et que font l’ONU et nos gouvernements?

45,8 millions d’individus seraient réduits à l’esclavage aujourd’hui. On peut les acheter sur les réseaux sociaux comme Facebook et sur les messageries cryptées comme WhatsApp. Une grosse part d’entre eux a été capturée par des organisations criminelles comme Boko Haram ou Daesh. Cela fait depuis la Seconde Guerre Mondiale que l’esclavage n’avait plus atteint de telles proportions. L’ambassadrice à l’ONU Nadia Murad Basee Taha, qui elle-même a souffert de l’esclavagisme, exhorte les gouvernements et les grandes organisations mondiales à faire quelque chose.

Les témoignages des victimes de Daesh sont terrifiants. Et parfois, ils parviennent jusqu’aux salles de conférence des Nations Unies. Comme celui de Nadia Murad Basee Taha, qui a raconté son calvaire et la torture quotidienne qu’elle a endurés en tant qu’esclave sexuelle pour l’État Islamique.

Ce témoignage a tellement bouleversé les membres de l’ONU que Nadia Murad va maintenant être nommée Ambassadrice de bonne volonté pour la dignité des survivants de la traite des êtres humains.

Mais l’histoire de Nadia n’est pas unique. Aujourd’hui, on compte 45,8 millions d’individus réduits à l’esclavage dans le monde. Ce chiffre plus qu’inquiétant n’avait plus été atteint depuis la Seconde Guerre Mondiale. Et la majorité de ces esclaves sont sous les ordres d’organisations terroristes comme Boko Haram ou Daesh.

Registre et marchés aux esclaves

Les esclaves sont employés pour faire du ménage, pour creuser des tranchées, pour s’occuper des champs, pour tirer du pétrole ou encore comme esclaves sexuels. On trouve des esclaves dans les mines de coltan en Afrique, ce minerai qui sert à fabriquer nos smartphones. Et on trouve des esclaves en Asie du Sud-Est sur des bateaux pêchant des poissons qui finiront dans les frigos de nos supermarchés.

Mais Boko Haram et Daesh vont encore plus loin. Ces organisations ont mis en place des structures pour vendre des esclaves totalement effrayantes. Actuellement, plus de 5.000 hommes, femmes et enfants Yazidis (une ethnie kurde de Syrie) seraient aux mains de l’État islamique. Pour les vendre, Daesh a mis en place des registres et des marchés aux esclaves. Et l’organisation ne se cache pas. Au contraire, elle défend ouvertement la renaissance de l’esclavage au travers de ses diverses publications officielles. Et un de ses credo, c’est l’enfant kamikaze.

WhatsApp, Facebook, Telegram…

Pour faire leurs transactions, Daesh et Boko Haram utilisent les réseaux sociaux. Ils envoient des photos des femmes et des enfants sur les messageries cryptées comme WhatsApp et Telegram. Parfois, ils font des offres carrément sur Facebook. Et sur celles-ci, on retrouve l’âge, le statut marital, la localisation et le prix des victimes.

Mais attention, ce marché ne s’arrête pas aux frontières des pays en guerre avec les organisations criminelles. Selon un rapport de l’ONU, les hommes impliqués dans ce trafic venaient d’Algérie, d’Australie, de Belgique, d’Égypte, d’Irak, du Kazakhstan, de Libye, du Maroc, d’Arabie Saoudite, du Soudan, de Syrie, de Tunisie, de Turquie et d’Ouzbékistan. Et ce rapport ne concernait que les Yazidis…

L’urgence: s’occuper des réfugiés

Un rapport signé par une centaine d’experts de l’ONU demande au Conseil de Sécurité des Nations Unies de résoudre ce problème le plus rapidement possible. Pour commencer, les experts demandent au Conseil de dénoncer ces crimes en les considérant comme des crimes contre l’humanité. Ensuite, le Conseil devrait encourager ses membres à punir ceux qui pratiquent l’esclavage sur leur territoire.

Mais la meilleure façon de lutter serait encore de s’occuper des 65 millions de réfugiés ayant dû fuir leur pays à cause de la guerre. Ces individus sans toit ni protection sont les plus vulnérables aux trafics d’êtres humains. James Cockayne, chef de bureau à l’ONU, demande aux membres et aux agences de l’ONU de faire beaucoup plus pour identifier, assister et protéger les civils pris dans les points chauds de la traite. Il demande que des campagnes d’informations et des groupes de travail soient mis sur pied pour aller dans ce sens.

Source: The Conversation
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