Le système du crédit social chinois a commencé: les listes noires des mauvais citoyens vont bientôt arriver

En 2014, le gouvernement chinois annonçait qu’il désirait mettre en place un système digne d’un épisode de Black Mirror: attribuer des notes de confiance à chaque citoyen en fonction de leurs bonnes et mauvaises actions. Ces notes auraient des répercutions sur leurs liberté fondamentales. 4 ans plus tard, cela se met tout doucement en place: certains Chinois ne peuvent plus acheter de billets d’avion ou de train et le gouvernement publiera bientôt des listes noires listant les mauvais citoyens chinois. 

Cela semble difficile à croire mais c’est pourtant une réalité: le gouvernement chinois a bel et bien mis en place ce qu’on appelle le « crédit social ». Le système est simple et incroyablement malsain: chaque citoyen est noté en fonction de ses actions. Si il enfreint la loi, son crédit social baisse. Si il agit comme un citoyen modèle, il est récompensé. C’est en 2014 que le gouvernement chinois avait annoncé ce nouveau système qui devrait être totalement mis en place d’ici 2020.

Cette semaine, le gouvernement a publié une note détaillant l’ensemble du système. En gros, le but est de rendre les déplacements des personnes « indignes de confiance » plus difficiles. Le but à long terme est de dresser une liste noire des citoyens chinois pour ainsi former une élite de citoyens. Dans la note publiée par le gouvernement, on peut lire ceci: « Nous allons améliorer le système de liste noire de crédit, divulguer publiquement les archives des entreprises et des personnes indignes de confiance, et ainsi créer un réseau de méfiance et de punition. »

Avion et train interdits

Si ce système sera entièrement finalisé en 2020, il est déjà appliqué dans certaines villes du pays. Des millions de chinois se sont déjà vus interdir l’accès aux trains et aux avions. Selon le Global Times, le gouvernement a déjà empêché 11,14 millions de Chinois de prendre l’avion et 4,25 millions de personnes ont été interdits de TGV. Et cela va plus loin encore: selon Channel News Asia, plus de 3 millions de Chinois ne peuvent désormais plus acheter de billets première classe dans les trains. Et dans ces trains justement, des messages sont déjà diffusés dans les haut-parleurs pour mettre en garde les usagers par rapport à leur conduite (voir tweet ci-contre).

Faire attention où fumer

Selon Hou Yunchun, ancien directeur adjoint du centre de recherche sur le développement du Conseil d’État, le but de la manoeuvre est de faire sombrer les personnes indignes de confiance en faillite en leur interdisant des prêts ou des crédits, détruire leur vie en somme. Les punitions sont très diverses: interdiction d’acheter un animal de compagnie, réduire l’accès des enfants aux bonnes écoles, interdir l’accès à certains jobs et même ralentir la connexion internet.

Heureusement, il existe des moyens de redorer son image et de faire grimper son crédit social: en faisant du bénévolat ou en donnant son sang par exemple. Par contre, tu n’as pas le droit à l’erreur: si tu fumes dans une zone interdite, si tu achètes trop de jeux vidéos ou si tu propages ce que le gouvernement estime être des fake news, tu risques d’avoir des problèmes. Comment le gouvernement peut-il savoir tout ça? C’est simple: grâce aux millions de caméra de surveillance dotées de la reconnaissance faciale placées un peu partout. Et bien sûr, c’est sans compter les citoyens qui s’amuseront sans doute à dénoncer d’autres personnes aux autorités pour se faire bien voir.

Pour l’instant, ce système de crédit social n’est utilisé qu’à Pékin et Shanghai mais cela va bientôt s’étendre à tout le pays. Mais il va d’abord falloir établir un « système unifié de codes de notation » pour que toutes les villes et régions du pays puissent punir correctement les Chinois désobéissants. Bon, il est temps de retourner voir Black Mirror, ça reste finalement moins malsain que la réalité.

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