Le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, Theo Francken (N-VA), se trouve pris dans une bataille juridique avec une famille syrienne, qui veut demander l’asile en Belgique via un visa touristique. Les avocats de cette famille promettent qu’elle veut échapper à « l’enfer d’Alep ». Mais le père de la famille a un rapport avec le régime de Bassar Assad, le dictateur de Syrie.
Est-ce qu’ils vont avoir ce visa ou non? Il y a déjà des jours qu’il y a un jeu de chat et de la souris entre les avocats de la famille syrienne et le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, Theo Francken (N-VA). La famille a demandé à l’ambassade belge à Beyrouth un visa pour la Belgique, avec comme motivation explicite de demander l’asile à la Belgique une fois qu’ils seraient ici. Ils ont même un endroit en Belgique où rester. Une famille qui habite près de Namur, voudrait les recevoir. La fille de la famille a appris à connaître cette famille à Istanbul, même si celle-ci est maintenant coincée à Alep.
Francken leur a refusé un visa. Selon lui, cela créerait un dangereux précédent, car tout le monde pourrait alors demander dans une ambassade ou un consulat belge, partout dans le monde, un visa et, ensuite, l’asile. « Nous allons utiliser tous les moyens légaux pour éviter cela », a-t-il dit tous ces derniers jours.
Circonstances difficiles
Entretemps, une série de questions pertinentes au sujet de la famille ont fait surface: il est difficile de croire que quelqu’un se trouve dans des circonstances difficiles à Alep et peut quand même voyager à Istanbul ou à Beyrouth. Cet homme aurait voyagé à l’étranger depuis le début de la guerre et, aussi aurait travaillé pour une organisation liée à l’état syrien.
Ces organisations, en Syrie, sont devenues de purs véhicules du régime. C’est ce que dit Tobias Schneider, un analyste spécialisé en défense et qui fait des recherches sur l’armée syrienne, dans le NRC Handelsblad. « Le régime (de Assad, red.) a la main bien mise sur les seigneurs de guerre. Pour s’assurer de leur loyauté, ceux-ci ont des positions élevées, par exemple dans la Chambre de Commerce, qui a servi auparavant surtout à satisfaire les grandes familles sunnites de Damas. Ces gens ont été remplacés entre autres par des seigneurs de guerre. »
Renoncer à Alep
Le président de la Chambre de Commerce de Alep, Fares Chehabi, est explicitement sur la liste noire de l’Union européenne avec les têtes du régime de Assad qui ne peuvent absolument pas entrer dans l’Union européenne. Chehabi soutient Assad avec de l’argent et des armes. Et l’homme qui veut demander l’asile via un visa aurait un lien avec ce Chehabi.
Aussi, d’après les photos de sa page Facebook, il apparaît clairement qu’il est un supporter de Assad et qu’il n’a pas trop souffert de la crise humanitaire dans sa ville. Les quartiers qui sont contrôlés par Assad et protégés par l’armée russe, ne vont pas souffrir de la terreur de l’armée du gouvernement.
Toute la page Facebook de cette homme rend l’argument de ses avocats, selon lequel la famille est dans une crise terrible à Alep, pas particulièrement digne de confiance. On voit l’homme poser à différentes fêtes.
Catastrophe humanitaire sans nom du régime d’Assad
En Syrie, une guerre civile terrible a lieu depuis déjà quelques années. La crise humanitaire est terrible, des millions de Syriens sont en fuite, victimes d’un dictateur qui s’accroche coûte que coûte au pouvoir. Beaucoup tentent coûte que coûte d’atteindre l’Europe, pour venir demander l’asile ici. Qu’un supporter du régime tente de contourner tout cela en traînant les autorités belges devant le tribunal est pour le moins un drôle de concours de circonstances. Mais l’homme prend aussi un risque conséquent avec sa demande: les fidèles du régime qui lui sont « infidèles » ou qui « se rendent coupables de trahison », comme en essayant de partir à l’étranger, peuvent se voir sévèrement attrapés par Assad et sa clique.
Entretemps, la bataille juridique continue en Belgique. Le tribunal de première instance a tranché que Francken devait bel et bien donner ce visa au fidèle d’Assad. Le juge a condamné le secrétaire d’État la semaine dernière à une rançon de 4.000 euros par jour tant que le visa était refusé. Francken a refusé jusqu’à aujourd’hui de payer cette somme.
Francken va donc en appel contre cette décision. Mais il conteste aussi le principe de ce verdict devant le Conseil d’État: « Nous sommes forcés de donner un visa. C’est malgré notre compétence, et pas celle du Conseil de contentieux des étrangers ». Les avocats de la famille, Progress Lawyer Network, ont entre-temps envoyé un huissier chez Francken, pour récolter la somme de 4.000 euros par jour (qui est entretemps montée à 50.000 euros). Mais à la première tentative, le cabinet de Francken était fermé. Lorsque l’huissier est revenu, il est apparu que tout le contenu avait été chargé.