Le Premier ministre chez Merkel: “Les Britanniques ne peuvent pas prendre les avantages de l’UE et laisser les inconvénients »

Dans une grande mesure, l’Allemagne donne le ton à l’Europe. Et cela a de grandes conséquences pour tout le monde au sein de l’Union européenne. Politique migratoire? Le « Wir Schaffen Das » est là. Budget? Tout le monde emboîte le pas au modèle allemand. Notre Premier ministre Charles Michel ouvre donc bien grand les oreilles quand il part en visite à Berlin. Mais il fait ça bien, surtout à l’heure de vendre la Belgique. 

C’est un chaud soleil de septembre qui rayonne sur Berlin. Sur la pelouse devant le Bondsdag, le Parlement allemand, il fait trop chaud pour garder sa veste et sa cravate. Mais le Premier ministre n’abandonne pas: pour RTL, RTBF, VTM, VRT, BDF, newsmonkey et encore toute une série de journaux, il reste impeccable et donne à chacun assez d’attention.

Parce que, être Premier ministre, c’est aussi un peu faire du théâtre. Jusqu’à cette interview « spontanée » qu’il donne à Luk Alloo, qui tourne pour VTM une série autour de grands personnages et de leurs vies. « J’en ai vu qui jouaient plus au théâtre, tu sais » nous confie Alloo. Mais quand même: on ne peut pas dire que notre Premier ministre ne soit pas conscient de son impact sur la presse. Une petite promenade après son tête-à-tête de la résidence de fonction de Merkel vers la presse, pour bien montrer le Bondsdag? Aucun problème.

Sommet européen à Bratislava

La visite chez Merkel n’est pas simplement une petite promenade de santé. Non, ici on travaille vraiment. Merkel briefe quelques chefs d’état influents à la veille du sommet sur l’avenir de l’UE à Bratislava. Notre Premier ministre s’y retrouve avec plaisir. Et la Belgique est aussi invitée à la « fête populaire du président allemand », un événement annuel à Berlin. Plus tard vendredi donc, le Premier ministre ira écouter avec Merkel un orchestre classique allemand.

Le briefing allemand à Charles Michel avant le sommet de Bratislava est clair: Merkel veut à nouveau montrer une Europe « battante », une Europe qui « monte au créneau », qui vraiment fait une réalité de cette idée de « améliorer la vie quotidienne des Européens ». Ça résonne un peu comme un cliché, surtout lorsque Charles Michel fait de son mieux pour être convaincant, même six, sept fois d’affilée.

Parce que, naturellement, l’Union européenne est plus sur la défensive pour le moment: les Britanniques ont claqué la porte; les gens y ont voté pour le Brexit. Mais en pratique, ce n’est pas si simple: les politiques britanniques sont occupés à faire traîner l’affaire et refusent pour le moment d’annoncer la sortie officielle. Le fameux article 50 du traité sur l’Union européenne, qui devrait régler cette sortie, n’a pas encore été invoqué.

Des mots durs pour Londres

“Tant qu’il n’y a pas de négociations officielles, nous n’allons rien faire, c’est clair », dit Charles Michel. « Mais cela doit être clair aussi qu’un pays qui quitte l’Union ne peut pas garder tous ses anciens privilèges en jetant ses obligations par-dessus bord. » Des mots durs de notre Premier ministre donc, qui parle aussi d’un « potentiel mauvais précédent », si le reste de l’UE laissait les Britanniques partir avec tous les avantages.

Évidemment aussi, il n’y aurait pas de rencontre sincère entre le Premier ministre et un chef d’état si on ne parlait pas de la petite fille de Charles Michel. « Oui, la dernière fois elle m’a demandé une photo de ma petite fille, au sommet européen. Et naturellement maintenant, elle veut savoir comment elle va. Elle grandit magnifiquement. » Un bien fier papa, c’est ce qu’il est, en plus d’être, bien sûr, un fier Premier ministre. À la « fête populaire », il profite visiblement de l’attention qui est donnée au stand des Belges, où il va manger des frites. La politique et le théâtre, voilà qui est dangereusement proche.

WV
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