Pour Patrick Calvar, le patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI, France), « l’Europe est en grand danger ». La confrontation entre l’extrême droite et le monde musulman sur le Vieux Continent a tout d’un cocktail explosif. Patrick Calvar précise encore qu’il ne parle pas des islamistes, mais bien du monde musulman en général.
Plutôt flippante l’analyse du patron des services de renseignement intérieur en France. « Je suis inquiet de la radicalisation de la société et du mouvement de fond qui l’entraîne », a-t-il déclaré dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015.
Auditionné à huit clos, Patrick Calvar s’est montré plus rassurant par rapport terrorisme puisqu’il « pense que nous gagnerons ». En revanche ce qui l’inquiète le plus, « c’est que nous nous devrons, à un moment ou un autre, dégager des ressources pour nous occuper d’autres groupes extrémistes parce que la confrontation est inéluctable », a-t-il estimé. Il parle ici de groupes intérieurs au pays. Des groupes qui se verraient bien vivre sans musulmans dans « leur » pays.
« Encore un ou deux attentats… »
Il poursuit: « l’Europe est en grand danger, les extrémismes montent partout et nous sommes, nous, services intérieurs, en train de déplacer des ressources pour nous intéresser à l’ultra droite qui n’attend que la confrontation. »
Pour lui pas de doute, la confrontation aura bien lieu: « encore un ou deux attentats et elle adviendra. Il nous appartient donc d’anticiper et de bloquer tous ces groupes qui voudraient, à un moment ou à un autre, déclencher des affrontements intercommunautaires. »
En Belgique
En Belgique aussi, depuis les attentats, l’intolérance vis à vis des musulmans grimpe tous les jours. D’après le rapport du collectif contre l’islamophobie (CCIB), le nombre d’actes islamophobes a littéralement explosé. Depuis les attentats du 22 mars 2016, on compte même un acte islamophobe par jour dans notre pays.
Et ça, c’est par rapport au nombre de plaintes officielles. Beaucoup sont encore passées sous silence. Officiellement donc entre le 22 mars et 22 avril 2016, pas moins de 36 actes islamophobes ont été signalés dont des agressions, des incitations à la haine ou encore du harcèlement. Et on retrouve souvent ces délits de haine sur internet.
L’extrême droite est loin d’être au pouvoir en Belgique, mais un jour ou l’autre ce mouvement de fond se traduira dans les urnes. Il faudra donc nécessairement qu’un autre discours plus rassembleur fasse son apparition pour contrer cette montée des extrêmes. Selon le CCIB, les élus nationaux ont « leur rôle à jouer dans la déconstruction de l’islamophobie« . Pour essayer de briser les clichés faciles sur les musulmans et tenter de déconstruire cette pensée qui fait croire que derrière chacun d’entre-eux, peut se cacher un potentiel terroriste.
Bon évidemment quand Jan Jambon (N-VA), ministre de l’Intérieur, déclare qu’une « partie significative de la communauté musulmane » avait dansé après des attentats. On se dit qu’il y a encore du chemin à faire, un chemin pour rassembler et non plus pour faire peur.
Source: 20 Minutes et La Libre
