Le cordon sanitaire pour le PTB? 2018 sera une année quitte ou double pour les communistes

Les derniers sondages le montrent: le PTB cartonne en Belgique francophone. Le parti de la gauche radicale récolte 20% d’intentions de vote en Wallonie. Du coup, le débat revient: faut-il appliquer le cordon sanitaire au Parti ouvrier? Le MR et le cdH sont totalement contre une alliance avec le PTB. Mais le PS hésite à montrer sa vraie couleur.

Ces dernières années, le PTB a connu une ascension si phénoménale qu’il caracole actuellement en troisième place dans les sondages, juste derrière le PS et pas loin du MR. Le parti de la gauche radicale enregistre 20% des intentions de vote en Wallonie et 14% en Région bruxelloise. En Flandre par contre, le PVDA/PTB n’atteint que difficilement les 5%.

D’où vient ce succès fulgurant? Le parti de Raoul Hedebouw a surfé sur la débâcle Publifin qui a entachée de nombreux partis de Wallonie, PS en tête. En se présentant comme l’alternative saine et non-corrompue aux partis empêtrés dans des scandales corporatistes et financiers, le PTB a gagné la sympathie de nombreux électeurs.

« Des accords avec le PTB, c’est clairement non »

Dès lors, la question se pose: qui est prêt à s’allier avec le Parti ouvrier? À ce niveau, les libéraux du MR sont formels: ils ne formeront d’alliance ni avec l’extrême-droite, ni avec l’extrême gauche. En décembre 2016, le libéral Denis Ducarme décrivait le PTB comme « un parti extrémiste et populiste, reposant sur une idéologie totalitaire » et réclamait simplement un cordon sanitaire autour du parti marxiste. En gros, pas de place dans les médias pour la com’ des Marxistes.

Côté cdH, le rejet est du même acabit. Le chrétien-démocrate Benoît Lutgen déclarait lundi sur les ondes de la Première: « Le PTB est une tendance. C’est à nous de s’engager pour que ça ne soit pas une réalité dans les urnes. » Et d’ajouter qu’une alliance avec les Marxistes était totalement hors de question: « Passer des accords avec le PTB, c’est clairement non ». Une victoire du PTB aux élections de 2018 serait pour lui une « catastrophe sur le plan économique, notamment en Wallonie ».

Pas de coalition avec les extrémistes

Le message de Lutgen est clair. Même si les chrétiens-démocrates coulent dans les sondages – ils dépassent péniblement les 10% en Wallonie -, ils ne s’allieront pas avec les partis situés aux extrémités du spectre politique. Le Président du cdH a d’ailleurs osé la comparaison entre le PTB et l’extrême-droite: « Même si l’on a été plus touché dans notre histoire par l’extrême-droite, je n’ai pas plus de sympathie pour l’extrême-gauche radicale. »

Directement, Denis Ducarme (MR) s’est frotté les mains, se demandant si Lutgen appelait au retour du cordon sanitaire. À la Chambre, il s’interroge: « Benoit Lutgen rejoint le MR sur le cordon sanitaire? Pas d’alliance avec l’extrême droite ou PTB! Quid du PS? »

Cordon sanitaire pour 2018?

Pour rappel, le cordon sanitaire a été mis en place pour éviter que des partis d’extrême-droite comme le Vlaams Belang, le Front National ou Nation aient une place dans les médias et puissent ainsi propager leurs messages de haine. En Flandre, la N-VA a déjà émis plusieurs fois la proposition de faire sauter le cordon sanitaire tout en rappelant qu’une alliance avec le Vlaams Belang n’aurait jamais lieu.

Mais si la majorité des partis se positionnent clairement vis-à-vis des alliances avec les partis extrémistes, il en reste un dont la position actuelle est loin d’être définie. On parle évidemment du PS dont le choix pourrait tout faire basculer. Le parti socialiste, malmené dans les sondages par l’écueil Publifin, lorgne les plates bandes du PTB. Où va-t-il se placer? Va-t-il imaginer une coalition communiste avec les marxistes pour imposer un nouveau régime en Wallonie ou rejoindra-t-il les libéraux et les chrétiens-démocrates sur la question du cordon sanitaire?

La grande question est de savoir comment évoluera le PTB durant les élections communales et provinciales de 2018. Si les autres partis acceptent de former des alliances avec lui, le parti d’extrême-gauche pourrait bien prendre le contrôle de plusieurs villes et communes. Si le PTB et le PS s’allient, la voie pour les élections fédérales de 2019 sera toute tracée pour un gouvernement communiste. Mais cela dépend vraiment de la position que prendra le PS. En gros, en 2018, la lutte des communistes se jouera à quitte ou double!

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