L’Autriche voudrait bien bloquer sa frontière avec l’Italie… Et si ça ne servait à rien?

L’Autriche est le carrefour de l’année: les migrants, en quête de routes alternatives vers la forteresse Europe suite à son accord avec la Turquie, se tournent vers les Balkans ou vers l’Italie et donc vers l’Autriche. Du coup, la montagnarde république est sur ses gardes: elle aimerait beaucoup bloquer le col du Brenner, à la frontière austro-italienne. Ça ne plaît ni à l’Europe ni aux anars et, surtout, ça pourrait bien ne servir à rien. 

Le beau temps arrive et les bateaux de migrants passent la Méditerranée vers l’Italie. De là, pour gagner l’Europe du nord, ils peuvent passer par le col du Brenner, à la frontière italo-autrichienne. Or, ce n’est pas du goût de la montagnarde république, qui a accueilli déjà 90.000 réfugiés en 2015, soit 1% de sa population. Elle est donc prête à aller bloquer le passage entre l’Italie et l’Autriche: le col du Brenner.

Ça n’enchante pas tout le monde, à commencer par le côté italien de la frontière. Un groupe d’anarchistes de Trente a pris l’initiative de donner rendez-vous à quelques centaines de manifestants cet après-midi, à la gare de Brenner. Ensemble, ils veulent protester contre la fermeture du col, et ce n’est pas la première manifestation de ce type. 300 policiers autrichiens sont prêts à intervenir et, apparemment, autant d’italiens. Les forces de l’ordre ont dû finalement jeter des gaz lacrymogènes alors que les manifestants bloquaient les rails et, plus tard, l’autoroute.

Ces manifestants ne sont pas les seuls à s’y opposer: le président de la Commission européeenne, Jean-Claude Juncker, a fait ce matin les gros titres de la presse en déclarant que ce blocage des frontières, dans la zone Schengen, serait une véritable « catastrophe politique ». En effet, le col du Brenner est un axe vital, tant commercial que touristique, entre le nord et le sud de l’Europe.

Mais voilà, on dirait bien que les barrières ne servent à rien

Ok, l’Autriche a déjà atteint pour 2016 la moitié du nombre de migrants qu’elle se dit prête à accueillir, soit 37.500. Mais aussi et surtout, la donne a changé: suite à l’accord avec la Turquie, les migrants cherchent des alternatives pour entrer en Europe. Une de ces alternatives, c’est la route des Balkans, direction l’Autriche donc. La frontière entre la Serbie et la Hongrie a beau être fermée, 10.000 migrants sont parvenus à passer les barrières ces derniers mois. 13.400 ont demandé l’asile à la Hongrie de Viktor Orban. La preuve, selon Baber Baloch, le porte-parole de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, que ces barrières ne sont pas une solution face à l’afflux de migrants.

Entre-temps, l’Autriche a quand même renforcé ses contrôles aux frontières avec la Hongrie et se tient prête à installer 400 mètres de barrières à la frontière avec l’Italie…

Sources: L’Écho, Reuters, Politico

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