Laurette Onkelinx paye-t-elle pour les autres au PS? Voici les vraies raisons de son départ

On s’attendait à du changement au Parti socialiste. Mais sans doute pas à celui-là. Alors que les interrogations sont de plus en plus nombreuses au sujet d’Elio Di Rupo, et sur sa capacité à mener ses troupes vers les prochains scrutins, C’est un autre animal politique qui tire sa révérence: Laurette Onkelinx met fin à 30 années de carrière, mais pas uniquement pour les raisons évoquées.

« Faire place aux jeunes ». Au moment d’évoquer son intention de quitter le monde politique d’ici l’horizon 2019, Laurette Onkelinx ne pouvait pas nous laisser un meilleur indice. Son parti socialiste va mal. Que ce soit à Liège (Publifin), à Bruxelles (Samusocial) ou à Charleroi (ISPPC), le Parti socialiste est sorti affaibli d’une séquence politique qui parait interminable.

Alors ok, le dernier sondage en date semble indiquer que le Parti socialiste sauverait les meubles en Wallonie. Mais observateurs et militants le savent, le PS ne devra son salut qu’à un renouvèlement des cadres.

Pourtant, Elio Di Rupo ne compte absolument pas quitter le navire. On l’a bien compris à travers le titre de son dernier livre, « Nouvelles conquêtes », et de par son intention de diriger le Congrès fin novembre, celui qui doit parachever le fameux « Chantier des idées ». Entamé en 2015, il est censé jeter les bases du nouveau Parti socialiste.

Sa décision

Du coup, une question nous traverse l’esprit: la fin annoncée de la carrière politique de Laurette Onkelinx est-elle vraiment sa décision ou paye-t-elle pour les autres?

“Il s’agit d’un enchevêtrement de raisons tantôt à caractère personnel tantôt à caractère politique”, voici ce que la cheffe du PS à la Chambre déclarait au moment d’annoncer son futur retrait. En fait, elle s’est rendue compte qu’elle ne pourrait plus jouer les premiers rôles dans les futurs défis du Parti socialiste, sans compter qu’elle a elle-même été affaiblie par le scandale du Samusocial. Sa fille y a travaillé et elle a longtemps soutenu Yvan Mayeur.

Tant dans l’opinion publique qu’en interne, l’image de Laurette Onkelinx en a pris un coup. Sa capacité à lâcher rapidement ses coups sur Moreau (Publifin, Liège) et à les retenir concernant Yvan Mayeur a énervé pas mal de monde en interne. Ses positions tranchées sur le décumul aussi.

Plus que poussée vers la sortie, c’est elle qui s’est rendu compte qu’elle n’était plus en position de force. Il s’agit donc vraiment de sa décision, comme le confirme un tweet d’Elio Di Rupo. Ça lui permet quelque part de sortir par la grande porte. Ce qui n’était pas assuré. Sa proximité avec Yvan Mayeur et le fait que son mari, Marc Uyttendaele, était l’avocat du Samusocial ont failli lui coûter une fin brutale.

Elio est-il le suivant?

Et maintenant? La pression s’accentue encore sur Elio Di Rupo. Si Laurette a fait un pas de côté, pourquoi pas lui? C’est vrai, Onkelinx et Di Rupo, c’est 20 ans de politique à eux deux. Ils sont liés quelque part. Il s’agit des deux dernières grandes figures emblématiques d’un Parti socialiste omnipotent. Et les affaires ont bien sûr fait du dégât pour l’image de son président. On lui a reproché de ne pas assez s’exprimer et surtout de ne pas avoir su tenir les différentes fédérations, notamment celle de Liège au moment de l’affaire Publifin. On peut aussi évoquer le débranchement de prise de Benoît Lutgen qui a coûté au PS la Wallonie, son bastion historique.

Mais un retrait n’est toujours pas à l’ordre du jour. Elio Di Rupo compte au moins tenter sa chance aux élections régionales de 2019 en espérant sortir renforcé, au niveau de son parti, lors des élections communales de 2018. Un putsch? Ce n’est pas à l’ordre du jour non plus. Paul Magnette a répété qu’il serait loyal envers Di Rupo et puis, il ne bénéficie pas encore assez de soutien.

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