L’affaire Optima pour les nuls: ce qu’il faut savoir pour mieux comprendre l’enquête sur la banque en faillite

Du côté francophone du pays, on a peu entendu parler de l’affaire Optima alors qu’elle occupe beaucoup de place dans les médias flamands. Si on se penche un peu plus sur le sujet, on apprend que Optima a fait faillite, et qu’une commission d’enquête parlementaire a même été ouverte. Que s’est-il exactement passé? Qui est impliqué? Quelle est la prochaine étape?

C’est l’histoire d’une banque: une banque gantoise qui n’avait pas énormément de clients. Mais la plupart d’entre eux étaient très riches. Optima Bank était active dans la planification financière. Ses agents aidaient les clients à investir leur argent de la manière « la plus optimale au niveau fiscal », pour ensuite assurer au mieux la succession pour les héritiers. À côté de la planification financière, Optima était aussi impliquée dans les activités bancaires, et dans l’immobilier via Optima Global Estate. Les deux premières activités ont fait faillite, tandis que la troisième va peut-être être vendue.

Le rôle de Jeroen Piqueur

Les raisons derrière la faillite de la banque suscitent des questions. Le rôle de Jeroen Piqueur, le fondateur et le plus gros actionnaire d’Optima, retient notamment l’attention. Il a déjà été impliqué dans une banque qui a fait faillite, et pas mal de riches clients y ont perdu beaucoup. Mais Piqueur s’en est remis, et il a construit Optima avec succès. Et on y croit quand on le voit avec son yacht, sa Rolls Royce, sa Bentley…

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Une licence bancaire était utile

C’est en 2011 qu’Optima a racheté la filiale bancaire d’Ethias pour obtenir le label bancaire. Il était indiqué dans un plan de sauvetage que la banque d’Ethias devait être vendue. Personne ne voulait mordre à l’hameçon, sauf Optima, qui rêvait depuis longtemps d’une licence bancaire.

Beaucoup de personnes placent leur fortune sur des comptes à l’étranger dont certains ne sont pas toujours très transparents. Si on veut ramener son argent au pays, on doit le faire via une banque. C’est donc très utile pour un planificateur financier d’avoir sa propre banque. Du coup, Optima a racheté la filiale bancaire d’Ethias, avec l’approbation de la Banque Nationale Belge (BNB) et de l’Autorité des Services et des Marchés Financiers (FSMA), les deux organismes chargés de contrôler le secteur financier en Belgique.

Suspicion d’infractions et retrait de la licence

La Banque Nationale et la FSMA ont vu que Piqueur avait envoyé des grosses factures à la banque pour son travail, et il était même question d’infractions pénales (on ne sait pas encore ce qu’il aurait fait). Du coup, ils ont retiré la licence bancaire le 7 juin, et une fois que ça s’est su, les clients ont paniqué. Tout le monde a voulu reprendre son argent, et personne n’a plus voulu en déposer. Optima n’avait donc pas d’autre choix que de demander la faillite.

Des questions subsistent: qu’a fait Piqueur précisément? Y-a-t-il eu de la fraude auprès de la banque? Est-ce qu’on peut parler de blanchiment d’argent? Et est-ce que la Banque Nationale et la FSMA ont bien fait leur job?

Quel est le rôle des politiques?

Au-delà du rôle du patron, l’affaire fait aussi du bruit à cause des liens controversés entre la banque et le monde politique. C’est le cas pour Luc Van den Bossche, l’ancien ministre sp.a, qui est devenu directeur général d’Optima Bank. A-t-il fait usage de son influence pour racheter la banque Ethias en 2011? Et qu’en est-il de Geert Versnick de l’Open Vld? Député provincial de Flandre occidentale et responsable de l’aménagement du territoire, il est aussi directeur au sein d’Optima. Et naturellement, il est impliqué dans l’immobilier. De plus, Versnick a mis en contact un de ses collègues député avec Optima, pour lier la province à la banque.

Et il y aussi Daniel Termont, le populaire bourgmestre sp.a de Gand. Au départ, « il ne connaissait pas Piqueur », mais il a du avouer ensuite qu’il avait fait un discours à son mariage, et encore après qu’il avait fait la fête avec Piqueur et d’autres acteurs du secteur immobilier sur un bateau à Cannes.

L’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire

Le sp.a a demandé la mise en place d’une enquête parlementaire et les autres partis aussi. La Chambre a approuvé jeudi à l’unanimité (moins le PTB, le Parti du Travail de Belgique) l’ouverture d’une commission d’enquête sur le dossier Optima. La commission va enquêter sur la manière dont les autorités de surveillance (la BNB et la FSMA) ont contrôlé la banque et sur les causes précises de la faillite.

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