L’affaire des collaborateurs fantômes aura eu raison de Joëlle Milquet: elle démissionne de son poste de ministre

Joëlle Milquet (CDH) n’est plus la ministre de l’Éducation, de la Culture et de l’Enfance. Elle a annoncé ce lundi sa démission lors d’une conférence de presse. Elle a préféré prendre cette décision car elle a été inculpée dans le dossier de ces collaborateurs fantômes, même si elle dénonce toutefois « une affaire qui n’en est pas une ».

« Je remets mon mandat entre les mains de mon parti »: voilà ce qu’a annoncé Joëlle Milquet, entourée de ses avocats, ce lundi devant les médias. La désormais ex-ministre de l’Éducation, de la Culture et de l’Enfance a voulu « publiquement sortir de la réserve » dans ce dossier des collaborateurs fantômes.

Elle a été inculpée

Elle s’est surtout défendue, dénonçant une manœuvre politique contre elle: « C’est à la limite de la calomnie et c’est surtout stigmatisant pour les collaborateurs concernés. Je ne regarde pas les origines mais la compétence des gens avant d’engager qui que ce soit », a-t-elle assuré, avant toutefois de présenter sa démission.

Joëlle Milquet était d’abord visée par une procédure judiciaire, mais elle a carrément été inculpée dans ce dossier la semaine dernière à son retour de vacances. « Je précise que cette inculpation n’est pas juste, mais je réagis de manière responsable », a-t-elle déclaré. C’est cette inculpation qui a dû la pousser à démissionner.

Huit collaborateurs « fantômes »

L’affaire remonte à 2014, quand elle était ministre de l’Intérieur et de l’Égalité des chances dans le gouvernement Di Rupo. Milquet avait engagé huit collaborateurs six mois avant les élections, en se servant des fonds de son ministère. L’affaire a été révélée par le Vif l’année dernière. Des perquisitions ont été menées en juin dernier au cabinet de Joëlle Milquet et chez ces « collaborateurs fantômes ». Des documents, des téléphones et du matériel informatique avaient notamment été saisis.

Ces collaborateurs issus de minorités auraient notamment été chargés de repérer dans les agendas culturels de la Région bruxelloise les événements susceptibles de faire l’objet de la campagne. En clair, ils étaient payés par le ministère, avec de l’argent public, pour remplir un « emploi fictif »: ils effectuaient plutôt des tâches préélectorales pour Milquet, ce qui est interdit par la législation.

Le fonctionnement des cabinets politiques visé

« La loi autorise les recrutements. Il ne s’agit absolument pas d’emplois fictifs dans cette affaire », s’est-elle défendue ce lundi. « Il y a une méconnaissance du fonctionnement des cabinets, voire une méfiance, de la part de la Justice. » Mais cette méfiance lui aura donc coûté son poste de ministre. Elle va désormais devoir prouver son innocence à la justice dans cette affaire.

Selon ses avocats, Me Adrien Masset et Me Laurent Kennes, également présents à la conférence de presse ce n’est pas seulement Joëlle Milquet qui serait visée avec cette inculpation, mais bien le fonctionnement des cabinets politiques: « Ce qui nous a frappés en tant qu’avocats, c’est que cela ne concerne pas forcément Joëlle Milquet.(…) C’est normal qu’un homme politique fasse campagne et que ses collaborateurs y participent. Or, pour Joëlle Milquet, c’est jugé suspect ».

Selon eux, plusieurs indices auraient poussé la justice à inculper la ministre: des SMS suspects, l’octroi de congés ou encore des questions sur les origines des collaborateurs concernés.

Un geste qui « l’honore »

Benoît Lutgen, président du cdH, a réagi à la démission de la ministre. L’ensemble du parti politique « salue le geste de Joëlle qui l’honore. Il permettra à Joëlle d’avoir toute la liberté nécessaire et sans pression extérieure pour démontrer son innocence en toute sérénité et avec force. Nous connaissons depuis toujours son souci de la bonne gouvernance et sa parfaite intégrité », a fait savoir M.Lutgen, précisant que le cdH va témoigner à Joëlle Milquet « toute son affection et sa confiance en l’avenir ».

Source: Le Soir

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