Willy Borsus (MR), le ministre-président de la Wallonie, s’est plié pour la première fois au « discours de l’état de la Wallonie ». Si des perspectives encourageantes pointent à l’horizon, certains chiffres économiques restent alarmants. Le changement de majorité, de ce point de vue, n’aura pas changé la donne. On peut même dire que le gouvernement actuel (MR-cdH) bénéficie du précédent (PS-cdH), sans toutefois nier son côté volontariste. Voici les dix chiffres clés à retenir.
63,2% de taux d’emploi
Pour la première fois depuis le début des années 90′, on est passé en dessous de la barre des 200.000 demandeurs d’emploi pour le mois d’avril 2018, une bonne nouvelle. Mais un problème de fond subsiste: de 2008 à 2018, la croissance du nombre d’emplois en Wallonie (6,04%) est plus faible qu’en Flandre (7,6%) et qu’à Bruxelles (6,25%).
En conséquence, la Wallonie a un taux d’emploi de près de 10% moindre qu’en Flandre avec 36% contre 73%. L’objectif européen est pourtant d’attendre cette barre des 73% pour 2020. Ce qu’a fait la Flandre déjà en 2017.
Le gouvernement MR-cdH veut axer sa politique de création d’emploi dans le secteur marchand. Le non-marchand (administration, enseignement…) est trop représenté avec 20,2% de l’emploi contre 14,9% en Flandre. La Wallonie veut aussi favoriser les métiers en pénurie.
Au @ParlWallonie @wborsus dresse l’Etat de la Wallonie « le plus objectif possible »
— Philippe Walkowiak (@PhWalkowiak) 23 mai 2018
4 axes: économie, social, gouvernance, environnement pic.twitter.com/r8l7TjIWch
27,9% de jeunes sont au chômage
C’est un des grands problèmes de fond de la Wallonie. 27,9% des jeunes dispo pour le marché du travail n’ont pas eu d’emploi en 2016. Ce chiffre est préoccupant dans la mesure où il ne reprend pas les jeunes qui sont aux études. Et que ces jeunes au chômage sont a fortiori les moins qualifiés.
À titre de comparaison, la moyenne des 25-49 ans était de 9,9% de taux de chômage.
31.329 emplois vacants
Ce chiffre date du troisième trimestre 2017. À titre de comparaison, il y avait 20.312 emplois vacants en moyenne sur l’année 2016. Alors bien sûr, ces emplois laissés libres ne régleront pas tout le problème du chômage en Wallonie, mais ils mettent en exergue un problème de fond: l’inadéquation entre les profils recherchés et les profils proposés. C’est toute la problématique de la formation qui surgit ici. Forme-t-on correctement et dans les bons secteurs d’activité?
La Wallonie compte 200.000 chômeurs mais des milliers d’emplois vacants @wborsus #étatdelaWallonie pic.twitter.com/t3xyCKEfq1
— Philippe Walkowiak (@PhWalkowiak) 23 mai 2018
41,9 milliards d’exportations
Côté pile: c’est la première fois que notre commerce extérieur dépasse la barre des 40 milliards d’euros au cours d’une année. Côté face: les exportations wallonnes se font essentiellement dans la zone intra-UE, nous dépendons donc fortement de la conjoncture européenne. Si l’Europe plonge, on plonge.
Deuxième bémol: la balance commerciale peine à être bénéficiaire sur le long terme. Nos importations restent trop importantes par rapport à nos exportations. Cela peut s’arranger de deux manières: favoriser la production sur le marché intérieur ou augmenter nos exportations: le gouvernement va opter pour la 2e solution.
1,8% de croissance
La sacro-sainte croissance du PIB était de 1,8% en 2017 et le gouvernement table sur 1,9% pour 2018. La Wallonie se fixe ainsi sur la moyenne belge. Mais comparé à la moyenne européenne, il y a encore beaucoup de boulot: la moyenne de la zone euro est de 2,3%.
Autre souci: le PIB belge s’élevait à 423,05 milliards d’euros en 2016. Les Wallons y contribuent à hauteur de 17,54% alors qu’ils représentent 31,96% de la population. A contrario, le point positif sur la croissance est que le Wallon a confiance en l’avenir, au niveau des ménages, mais aussi au niveau des entreprises. C’était en tout cas fortement le cas en 2017, mais un peu moins en 2018.
26,3% de la population est pauvre
Oui tu as bien lu: 26,3% de la population wallonne vit en dessous du seuil de pauvreté (13.377 euros par en 2016 pour un isolé) ou en situation d’exclusion sociale. En Flandre, ce taux n’est « que » de 15%.
En Wallonie, 8,1% des citoyens vivent en situation de déprivation matérielle sévère. C’est-à-dire qu’ils sont incapables de payer l’ensemble de leurs charges: loyer, emprunt, électricité/eau/chauffage. Et/ou qui ne peuvent manger des protéines tous les jours ou partir en vacances une fois par an. Ils doivent aussi souvent se priver de téléviseur, d’un lave-linge, d’une voiture ou d’un téléphone.
Willy Borsus a qualifié cette situation « inacceptable » et qu’il mettra « tout en oeuvre pour gagner ce combat contre la pauvreté. Rappelons quand même que sa famille politique a contribué à exclure de nombreux bénéficiaires des allocations d’insertion, les obligeant à se tourner vers les CPAS. Tout comme le gouvernement précédent de Di Rupo d’ailleurs.
Plus de 26% des Wallons au seuil de pauvreté avec des pointes à 35% dans certaines sous-régions@wborsus #étatdelaWallonie pic.twitter.com/2hY2i5my4K
— Philippe Walkowiak (@PhWalkowiak) 23 mai 2018
Le ministre-président a ensuite consacré deux chapitres à la gouvernance et à l’environnement. Là encore, si les intentions sont bonnes et louables, il reste beaucoup de pain sur la planche.
Willy Borsus l’a reconnu lui-même dans sa conclusion finale: « Les chiffres sont préoccupants, nous le savons depuis longtemps. Il y a cependant des perspectives encourageantes, des frémissements positifs. Mais soyons francs, nous sommes loin du compte. »
D’autant que d’un point de vue économique, la 6e réforme de l’État va mettre fin au mécanisme de solidarité entre Régions à l’horizon 2034. Avec une perte de 640 millions sur dix ans. Plus que jamais, la Wallonie doit prendre son sort en main.
Retrouvez l'intégralité de mon intervention sur l'Etat de la Wallonie ici : https://t.co/ntJqEYjMpc #WalDeal
— Willy BORSUS (@wborsus) 23 mai 2018