La vapoteuse est-elle contre-productive? Chez les ados, plus de 30 % se mettent à la clope après l’avoir testée

Une récente étude de l’Université de Leeds tire un constat interpellant: chez les adolescents anglais qui ont déjà testé la vapoteuse, 34 % se mettent à fumer du tabac classique un an après. Si de nombreuses recherches prouvent que la vape en elle-même ne présente aucun danger pour la santé, son usage de plus en plus courant chez les jeunes soulève de sérieuses questions.

Peut-être t’es-tu toi aussi posé la question un jour: et si passer à la cigarette électronique pouvait t’aider à arrêter la clope? Il faut dire que, contrairement à la cigarette, la vapoteuse ne brûle pas de tabac et ne dégage donc ni goudron ni monoxyde de carbone, seulement de la vapeur non toxique. Elle pollue donc beaucoup moins tes poumons, tout en te procurant ta dose de nicotine. En plus, elle t’évite la sale haleine de fumeur, puisque tu disposes d’un large choix de fioles d’arômes. Pour toutes ces bonnes raisons, elle est devenue un véritable phénomène de mode… mais sans doute un peu trop chez les jeunes.

Une toute nouvelle étude réalisée par l’Université de Leeds démontre ainsi que lorsque les adolescents essayent la vapoteuse, ils ont, en moyenne, cinq fois plus de risques de passer aux cigarettes classiques un an plus tard.

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34 % contre 9 %

Pour tirer une telle conclusion, les chercheurs ont sondé en tout 2.836 adolescents âgés de 13 à 14 ans et venant de 20 écoles différentes en Angleterre. Ils les ont suivis pendant douze mois en interrogeant leurs habitudes de consommation du tabac: cigarette classique vs électronique. Ensuite, ils ont vérifié scientifiquement leurs dires en leur faisant passer des tests respiratoires pour traquer le taux de monoxyde de carbone dans l’air expiré.

Citons quelques chiffres. La bonne nouvelle, tout d’abord, c’est que plus de 61 % des ados sondés ont déclaré n’avoir jamais touché ni à la clope ni à la vapoteuse. Et à peine 4,4 % ont déjà testé la clope, ce qui n’est pas trop mal. Par contre, ils sont tout de même 18,2 % à avoir déjà utilisé les deux.

L’année suivante, les chercheurs ont découvert que ceux qui avaient déjà tenté la vapoteuse étaient bien plus susceptibles de commencer à fumer des cigarettes. En effet, 34 % d’entre eux se sont mis au tabac un an plus tard, contre 9 % du groupe qui n’avait jamais touché à la vapoteuse. Et le risque augmenterait d’autant plus chez les jeunes qui côtoient des fumeurs dans leur groupe de potes.

Du coup, la cigarette électronique se révèle avoir un effet contre-productif. Pire, elle banalise chez les ados l’usage de la nicotine, alors que le monde médical se bat depuis des années pour diminuer cette dépendance dans la société.

Des mesures prochaines?

Pour la suite, cette nouvelle étude pourrait bien avoir des répercussions en Belgique, où 10 % de la population a déjà testé la vape et au moins 150.000 Belges l’utilisent quotidiennement, selon les chiffres de 2016. Si, actuellement, aucune taxe n’a été décidée sur son achat, ce pourrait bien vite changer.

Ainsi, la cheffe de groupe de la N-VA à la Chambre, Renate Hufkens, a déposé en juin dernier une résolution qui prévoit de diminuer l’usage de la cigarette électronique chez les jeunes: en taxant l’appareil et le liquide, en limitant la publicité autour et en interdisant les arômes dans les liquides qui contiennent de la nicotine.

Selon Le Soir, au cabinet du ministre des Finances, Johan Van Overtveldt (N-VA), on assure d’ailleurs toujours réfléchir à la possibilité d’imposer des accises sur la cigarette électronique. Mais que les vapoteurs se rassurent, ce ne serait pas pour tout de suite.

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