Le président turc Erdogan a désormais placé sous surveillance l’un des plus grands journaux du pays. Le quotidien d’opposition Zaman est souvent critique à propos du président et de son gouvernement. Erdogan ne l’accepte pas Selon lui, les journalistes ont « commis des infractions » et il faut intervenir.
Hier, le tribunal d’Istanbul a ordonné le placement sous tutelle judiciaire du grand quotidien d’opposition Zaman. Il sera donc placé sous la surveillance de l’état.
Zaman est en partie financé par le mouvement du grand rival du président Erdogan, l’imam Fethullah Gülen. Selon le gouvernement turc, ce mouvement pro-Gülen est une organisation terroriste.
Le début de la fin
En octobre dernier, le journal Bugün a également été mis sous contrôle de l’état. La raison officielle était la politique financière du groupe mais la réalité est autre. Bugün a toujours été très critique mais son contenu a soudainement radicalement changé. En 24 heures, le journal auparavant d’opposition est devenu pro-gouvernemental. Tiens tiens… Depuis, le journal a cessé d’exister.
Pour le quotidien Zaman, le scénario semble plutôt similaire. Hier soir, la police turque a investi les locaux du média. Elle a chassé les manifestants du bâtiments du journal en question à coup de gaz lacrymogènes et des canons à eau. Ces manifestants étaient venus protester contre la mise sous tutelle du journal. On ne connait pas les raisons officielles de cette mise sous tutelle mais les relations tendues entre le quotidien d’opposition et le régime suffisent à nous faire comprendre que ce dernier ne veut plus être publiquement critiqué.
L’intervention policière est impressionnante:
Police did not let us inside our offices in our own newspaper building! This is pure despotism! They physically blocked me, both men&women
— Sevgi Akarcesme (@SevgiAkarcesme) 4 mars 2016
#LATEST Police enter chief editors' offices at Zaman building
— Today's Zaman (@todayszamancom) 4 mars 2016
https://t.co/TGv8CCiQYo pic.twitter.com/dWBpoeVTBt
#LATEST Today's Zaman chief editor says police tried to forcefully take her out of building https://t.co/K3m6hDiP4j pic.twitter.com/OoRLhmIyjV
— Today's Zaman (@todayszamancom) 4 mars 2016
#LATEST Police trying to break gates at Zaman HQs after court appoints trustees
— Today's Zaman (@todayszamancom) 4 mars 2016
https://t.co/9IiHp9wdpn pic.twitter.com/qsIYehC1mF
Police use bolt cutter to break the steel gate of #Zaman building https://t.co/MGuncKEKDq … pic.twitter.com/KEzSLx2ZIA
— Today's Zaman (@todayszamancom) 4 mars 2016
Et la liberté de la presse dans tout ça?
La Turquie est fort critiquée à l’étranger. Cette situation entrave les relations entre le pays et l’Europe. Un porte-parole du gouvernement américain a qualifié « d’inquiétante » la situation du pays. « C’est un autre exemple des mesures prises par le gouvernement turc contre un média et des gens qui ne sont pas en accord avec le régime », a déclare John Kirby, le porte-parole du département d’État.
Amnesty international parle d’un coup dur pour la liberté de la presse. « Tout le monde en Turquie à droit à un journalisme indépendant ». Et la Turquie n’était déjà pas si bonne en terme de liberté de la presse. Reporter sans Frontière établit un classement mondial. La Turquie s’y place en 149e position (sur 180). Et cette histoire pourrait encore la faire reculer de plusieurs rangs.