La science est face à un dilemme: conserver nos espèces animales actuelles ou ressusciter des espèces disparues? 

Il y a quelques semaines, des chercheurs de l’Université d’Harvard annonçaient vouloir ramener des mammouths à la vie d’ici deux ans. Cette annonce a créé beaucoup de débats au sein de la communauté scientifique: est-ce vraiment vivable et profitable pour toutes les espèces? Et surtout, est-ce qu’il ne vaut pas mieux se concentrer sur la conservation de nos espèces actuelles? On fait le point sur ce dilemme qui déchire la science. 

Et si les scientifiques étaient aussi utopistes que John Hammond, le propriétaire de Jurassic Park? En voulant ramener des espèces disparues à la vie, il a créé un véritable cataclysme. Bien qu’il ne s’agisse que d’une fiction, ces risques sont à envisager.

En effet, en voulant ramener les mammouths à la vie, les chercheurs de l’Université d’Harvard ont ouvert une boite de Pandore. Même si sur le papier, le projet est excitant, plusieurs problématiques sont soulevées par la communauté scientifique. Des problèmes qui concerne l’Humanité, la faune, la flore et la planète en général. De plus, il apparaît que les méthodes utilisées par les chercheurs ne sont pas optimales et ne permettront pas d’atteindre le but fixé.

Beaucoup plus d’obstacles que prévu pour la résurrection

Bon déjà, on semble beaucoup plus loin que prévu de la résurrection des espèces. Si John Church et son équipe de chercheurs espèrent ramener les mammouth d’ici deux ans, certains scientifiques sont plus pessimistes. Rappelons d’abord que leur plan est de modifier l’ADN d’un éléphant d’Asie pour créer un mammouth, ou du moins une espèce hybride entre les deux animaux. L’idée est d’ensuite implanter cet embryon dans l’utérus d’une éléphante.

Selon une étude menée en 2015, il existerait environ 2.000 différences génétiques entre l’éléphant d’Asie et le mammouth. Donc, il faudrait apporter plus de 2.000 modifications aux gênes de l’embryon de l’éléphant. Donc, on risque d’implanter des embryons « ratés » dans l’utérus d’une pauvre éléphante qui va devoir le porter pendant toute la période de gestation c’est-à-dire… 22 mois. En cas d’erreur, il faudra recommencer et réimplanter un autre embryon dans un autre utérus d’une autre éléphante. Bref, c’est vraiment pas l’idéal.

De plus, cette technologie qui consiste à implanter un embryon dans un utérus artificiel n’est pas vraiment au point. En fait, ils testent cette méthode sur des souris. La période de gestation d’une souris est de 20 jours contre 22 mois pour l’éléphant. Et ils n’ont jamais réussi à amener une gestation à terme. Bref, tu l’as compris ils ont peut-être été un peu trop optimistes avec leur délai de deux ans.

Un plus pour la biodiversité, un risque pour les espèces existantes

Bon, imaginons que leur plan marche et qu’ils réussissent à ramener des mammouths et d’autres espèces. Cela sera bénéfique pour la biodiversité puisque plein de nouvelles espèces peupleront notre planète. Mais malheureusement, on va devoir parler argent. Tu l’imagines, un tel processus coûte énormément d’oseille. En plus des manipulations de gênes et d’ADN, il faut aussi compter la phase de réintroduction de la nature et le suivi de ces espèces pour s’assurer qu’elles s’adaptent correctement.

À titre d’exemple, on estime que le processus de conservation d’un oiseau disparu coûterait environ 6,6 millions d’euros. Pour te faire une idée, le budget de la Nouvelle-Zélande (un pays qui serait susceptible d’accueillir ces nouvelles espèces) alloue un budget d’environ 20 millions pour la conservation de ses espèces vivantes. Donc, si ce plan se confirme, la conservation de nos précieuses espèces risque d’être mise de côté… Pas vraiment idéal, si?

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Et l’éthique la dedans?

Le mammouth a disparu il y a environ 4.000 ans. À l’époque, le climat n’était absolument pas comme aujourd’hui. Serait-ce vraiment correct de balancer des mammouths dans un environnement qui n’est plus celui dans lequel il s’était adapté? Nous n’avons aucun assurance sur le fait qu’ils pourront correctement s’adapter à leur environnement.

Alors est-ce moralement acceptable de privilégier des espèces disparues au détriment d’animaux qui sont déjà adaptés à leur environnement et qui sont en voie d’extinction? On pourrait par exemple se concentrer sur le développement de techniques de clonage par exemple. En effet, selon la liste rouge de l’UICN, 23.928 espèces de plantes et d’animaux risquent de disparaitre principalement à cause de l’Homme. Pire, à la fin du siècle, la moitié des espèces que nous connaissons pourraient s’éteindre selon The Guardian

Est-ce que faire revivre des mammouths vaut vraiment le coup comparé à toutes les espèces que l’on pourrait sauver si on s’en donnait les moyens. Réaliser ce petit miracle génétique ne serait-il pas un merveilleux moyen de flatter l’égo des scientifiques? En tout cas, les arguments en faveur de la résurrection animale se font de plus en plus rares.

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