La Russie va mal mais on dirait que Poutine ne le voit pas 

Aux yeux de Poutine, il n’y a pas de déficit budgétaire en Russie, les réserves nationales sont immenses et la crise pétrolière est une bonne chose pour l’économie russe. Mais pour le reste du pays, le rouble n’a jamais été aussi bas et le marché du pétrole est en déroute totale.

Après le Nouvel An, le président Vladimir Poutine a pris quelques vacances à Sotchi, la station balnéaire préférée des oligarques russes. Au milieu des palmiers et des cyprès, Vlad’ a reçu le magazine allemand Bild. Dans son interview, il s’est confié sur l’état de son pays. À l’entendre, il ne faut pas s’inquiéter. La Russie disposerait encore de 300 milliards de dollars en réserve d’or, auquel il faut ajouter 80 et 70 milliards dans les réserves gouvernementales. Bref, la Russie a de quoi tenir l’hiver puisqu’elle a encore 450 milliards de dollars sous la main.

Oui mais non

Seulement, le journal Moskovskij Komsomolets (MK) affirme que ces chiffres sont faux. Après avoir recueilli l’avis d’experts économiques et d’analystes financiers indépendants, le journal moscovite a joyeusement titré :  » En évaluant les réserves russes, Poutine fait une erreur de 150 milliards de dollars.  » Mais ce n’est pas tout. La chute des prix du pétrole est loin d’être une bonne chose pour l’économie russe.

C’est même tout le contraire. En Russie, le pétrole représente 14% du PIB, 50% du budget fédéral et 70% des exportations (cf. Banque Mondiale). Bref, l’économie russe dépend largement du prix du pétrole, en pleine dégringolade. Si on ajoute à cela les sanctions économiques imposées par l’Europe depuis le début du conflit en Ukraine et la chute impressionnante du rouble, on aurait envie de dire que la Russie ne va pas bien mais alors vraiment pas bien du tout.

Capture d’écran de prixdubaril.com

La population russe souffre

Le prix du baril de pétrole était ce matin à 32 dollars (29 euros). En 2015, à la même époque, il était à 60 dollars et en 2008, à 140 dollars. Cette dégringolade de la valeur pétrolière n’arrange forcément pas un pays comme la Russie. Depuis le début de l’année 2016, la monnaie russe a perdu 12% de sa valeur. Le prix de la vie a augmenté terriblement, ce qui a pour conséquence d’augmenter le nombre d’individus vivant sous le seuil de pauvreté. Ils étaient 15 millions en 2008, quand le pétrole redonnait de l’espoir à l’ex-empire Soviétique. Ils sont maintenant 23 millions à lutter pour trouver des aliments et manifester pour un changement politique radical. Parmi ceux qui bravent les interdictions de manifester, on trouve autant des camionneurs et des ouvriers que de professeurs, rapporte le New York Times. Tous demandent au gouvernement de cesser ses coupes budgétaires. Mais ça, Poutine n’en parle pas.

Sources : New York Times, The Daily Beast, World Bank

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