La Russie a bien enregistré des taux de radioactivité 986 fois supérieurs à la norme, et le nuage a atteint toute l’Europe

Un nuage radioactif venant de Russie a bel et bien traversé l’Europe de septembre jusqu’à la mi-octobre. De nombreux médias français et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français (IRSN) l’avaient déjà fait remarquer. Mais la Russie niait son implication, jusqu’à aujourd’hui.

La Russie confirme enfin. Rosguidromet, l’agence russe de météorologie, a reconnu, lundi soir dans un communiqué publié dans la presse, avoir détecté fin septembre une concentration « extrêmement élevée » de ruthénium-106, un produit de fission issu de l’industrie nucléaire.

Où exactement? Selon Rosguidromet, la concentration la plus élevée a été enregistrée par la station d’Arguaïach, qui est un village du sud de l’Oural situé à 30 kilomètres de la centrale nucléaire de Mayak. Cette dernière a été touchée en septembre 1957 par une grosse explosion. L’un des premiers accidents nucléaires majeurs de l’histoire, mais qui a longtemps été gardé top secret par Moscou.

Toute l’Europe touchée

Là-bas, la concentration enregistrée entre le 25 septembre et le 1er octobre 2017 était plus de 986 fois supérieure aux taux enregistrés le mois précédent, précise l’agence russe de météorologie. Et ce n’est pas tout, la station d’observation de Novogorny, toute proche de la frontière avec le Kazakhstan, a également enregistré du Ru-106 dans l’air. Ensuite, la substance radioactive a été détectée au Tatarstan, puis dans le sud de la Russie.

Pire encore, le Ru-106 s’est fixé, à partir du 29 septembre, dans tous les pays européens, à partir de l’Italie et vers le nord de l’Europe, en France y compris. En Belgique, l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) s’est fait plus rassurante. « Aucune hausse des taux de ruthénium n’a été constatée en Belgique », que ce soit via son système de mesure permanent Telerad ou lors de contrôles complémentaires », a-t-elle assuré à Belga.

Une découverte qui vient donc confirmer ce que plusieurs réseaux européens de surveillance de la radioactivité avaient déjà enregistré en septembre. L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) français avait d’ailleurs indiqué que la zone de rejet la plus plausible devait se situer entre la Volga et l’Oural, en tout cas quelque part en Russie.

Un incident nucléaire caché?

Pour faire toute la lumière ce qu’il s’est réellement passé, Greenpeace Russie exige de Rosatom (la société d’État russe qui gère l’activité de toutes les entreprises nucléaires du pays) de « mener une enquête approfondie » et de « publier des données sur les événements arrivés à Mayak », a-t-elle fait savoir par voie de communiqué publié sur son site internet.

Greenpeace va également envoyer une lettre au parquet russe pour demander l’ouverture d’une enquête sur la « dissimulation éventuelle d’un incident nucléaire ». Car mi-octobre, Rosatom avait assuré dans la presse russe qu’aucune trace de ruthénium-106 n’avait été découverte, sauf à Saint-Pétersbourg, et démenti tout problème au sein de ses installations. Il semblerait donc que la société russe ait menti…

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