C’est un rapport accablant pour le Qatar que publie Amnesty International. Les ouvriers qui travaillent sur le chantier d’un stade pour le Mondial 2022 de football ont des conditions de vie « désastreuses »: ils vivent dans « des camps sordides », ne sont parfois pas payés pendant plusieurs mois et ont vu leur passeport être confisqué par leur employeur. Ça fait tâche pour l’organisation de l’une des compétitions de sport les plus regardées au monde…
« Mon boss m’a dit que si je me plaignais à nouveau je ne quitterais jamais le pays. Depuis, j’ai pris soin de ne plus me plaindre de mon salaire ou autre chose. Bien sûr, si je pouvais, je changerais d’emploi ou je quitterais le Qatar »: c’est l’un des nombreux témoignages qu’Amnesty International publie dans son rapport « La face hideuse du beau jeu ».
On leur a menti sur le salaire
Les révélations de l’ONG sont choquantes et nombreuses. Les ouvriers vivent selon elle dans des « camps sordides ». Sur toutes les personnes interrogées, 6 seulement touchent le salaire qu’on leur a promis: on a menti à toutes les autres, qui sont moins payées. Enfin, quand elles ont la chance de toucher leur salaire à temps: certains ouvriers devraient attendre des mois pour être payés.
Les employeurs ne délivreraient pas des permis de séjour à tous les ouvriers, les laissant ainsi sous le menace d’une expulsion. Les passeports de quasiment tous les ouvriers ont également été confisqués par leurs employeurs, ce qui est contraire à la loi qatarie. Des ouvriers népalais ont par exemple été tout simplement interdits de retourner dans leur pays après le séisme meurtrier d’avril 2015.
Une Coupe du monde 2022 « basée sur l’exploitation »
L’ONG a travaillé pendant un an, jusqu’en février 2016, sur les conditions de travail des ouvriers sur le chantier du Khalifa International Stadium: plusieurs matches de la Coupe du monde 2022 de football se joueront là-bas. Ce stade va aussi accueillir les Mondiaux d’athlétisme en 2019.
Elle a interrogé 234 hommes,venant principalement du Bangladesh, d’Inde ou du Népal. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils vivent un cauchemar. Pour Mustafa Qadri, membre d’Amnesty International, cette Coupe du monde 2022 sera ainsi « basée sur l’exploitation ».
Que vont faire McDo, Adidas and co?
« S’ils se plaignent de ces conditions, les travailleurs sont menacés par leurs employeurs. De telles pratiques constituent une forme de travail forcé aux termes du droit international », dénonce l’ONG. Amnesty International appelle la FIFA, instance dirigeante du football mondial et organisatrice du Mondial 2022, et ses gros sponsors (Adidas, McDonald’s, Coca-Cola…) à agir suite à ces révélations.
Le Qatar a déjà contre-attaqué de son côté. Le Comité suprême du Qatar, qui supervise l’organisation de la Coupe du monde 2022, fait savoir dans un communiqué que ces « affirmations projettent une image trompeuse ». Ce n’est pas la première fois que les conditions de vie et de travail des ouvriers sur les chantiers du Monial 202 sont pointées du doigt: il y a trois ans, le Qatar avait déjà nié les accusations d’esclavagisme et la mort de 44 ouvriers népalais en quelques mois sur ces chantiers.
Source: Le Monde, AmnestyBREAKING: report exposes abuse of #WorldCup workers on Khalifa stadium in Doha, Qatar. #FIFA https://t.co/LYKu2gw2Ud pic.twitter.com/esQwRDQSZk
— amnestypress (@amnestypress) March 30, 2016