La « Dysmorphie Snapchat », ou quand les jeunes veulent à tout prix ressembler aux versions filtrées d’eux-mêmes

Des chercheurs de l’Université de Boston ont publié un article inquiétant sur la « Dysmorphie Snapchat ». Selon eux, de plus en plus de personnes veulent recourir à la chirurgie esthétique afin de ressembler aux selfies d’elles-mêmes avec un filtre. Ce phénomène peut contribuer à augmenter les angoisses des jeunes par rapport à leur corps et leur apparence. 

Beaucoup de gens utilisent les filtres disponibles sur Snapchat et Instagram afin de rendre leurs selfies plus jolis. Et il faut reconnaître que ces filtres font parfois des miracles, mais les conséquences peuvent être dangereuses, surtout pour la perception de soi-même.

Trois chercheurs de l’Université de Boston ont réalisé une synthèse de plusieurs études et en ont fait un article. Dans cet article publié dans la revue médicale JAMA Facial Plastic Surgery, ils parlent de la dysmorphie corporelle, un trouble psychologique qui se caractérise par une préoccupation excessive concernant un défaut dans l’apparence. Selon les auteurs, les filtres Snapchat et Instagram sont en train de « modifier la perception de la beauté dans le monde entier ».

Ils ont observé un phénomène assez troublant qu’ils appellent « la dysmorphie Snapchat ». Selon eux, c’est un nouveau phénomène où les patients de chirurgie esthétique ne demandent plus à ressembler à des célébrités, mais aux versions améliorées d’eux-mêmes qu’ils obtiennent avec des filtres, avec des « lèvres plus charnues, des yeux plus grands ou un nez plus fin ».

Une tendance inquiétante

Il y a quelques mois, The Independent a parlé pour la première fois de « dysmorphie Snapchat », quand un chirurgien esthétique a expliqué que de plus en plus de femmes demandaient à ressembler à leurs selfies. « C’est une tendance inquiétante, car ces selfies avec filtre montrent souvent une apparence irréalisable et brouillent la frontière entre réalité et fantasme pour ces patientes », expliquent les chercheurs de Boston. « On sait que l’angle et la proximité avec lesquels les selfies sont pris peuvent déformer les dimensions du visage et conduire à l’insatisfaction. Les patients peuvent avoir recours à la chirurgie dans l’espoir d’améliorer leur apparence dans les selfies et sur les réseaux sociaux », disent-ils ensuite.

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Et c’est un phénomène qui ne cesse de grandir. Selon l’American Academy of Facial Plastic and Reconstructive Surgery, 55% des chirurgiens affirment avoir eu des patients qui voulaient une intervention afin d’améliorer leur apparence sur les selfies en 2017, contre 42% un an plus tôt.

Une nouvelle réalité esthétique

« Dans l’ensemble, les applications comme Snapchat et Facetune offrent une nouvelle réalité esthétique à la société d’aujourd’hui », affirment les chercheurs de Boston. « Ces applis permettent à un individu d’altérer son apparence en un instant et conforte celui-ci ou celle-ci dans des standards de beauté irréalistes et souvent inaccessibles ». Toujours selon eux, la possibilité de changer son apparence en un clin d’oeil peut contribuer à augmenter les angoisses corporelles chez les jeunes.

« Les mannequins et les acteurs étaient rendus parfaits dans les magazines et les publicités, mais le grand public n’avait pas facilement accès aux méthodes pour altérer sa propre apparence… Aujourd’hui, avec des applis comme Snapchat et Facetune, ce même degré de perfection est accessible à tous. Maintenant, ce ne sont plus seulement les célébrités qui propagent ces critères de beauté: c’est aussi un(e) camarade de classe, un(e) collègue ou un(e) ami(e) », écrivent-ils.

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