La crise climatique dont tu n’as pas encore entendu parler: prêt à accueillir des centaines de millions de nouveaux réfugiés?

Sans doute n’en as-tu aucune connaissance mais, à la fin de ce siècle, au moins un tiers des glaciers de l’Hindou Kouch et de l’Himalaya aura disparu. Et ce, même si le réchauffement climatique se limitait à 1,5 degré. La disparition de ces glaciers aura des conséquences très graves pour les quelques 2 milliards de personnes qui dépendent de l’eau des rivières qu’ils alimentent. Cela provoquera également un flux de centaines de millions de réfugiés climatiques.

Les chaînes de montagnes de l’Hindou Kouch et de l’Himalaya sont parmi les endroits qui comportent le plus de glace dans le monde. Les seuls endroits où il y en davantage, c’est aux pôles Nord et Sud. Ces chaînes de montagnes se situent en Asie-Centrale et, à elles deux, couvrent huit pays: l’Afghanistan, le Pakistan, la Chine, l’Inde, le Népal, le Bhoutan, le Bangladesh et le Myanmar.

Ces glaciers alimentent en eau potable les 250 millions de personnes qui vivent dans la région de l’Hindou-Kouch-Himalaya, ils sont aussi essentiels pour 1,65 milliard de personnes qui dépendent des grands fleuves s’écoulant depuis les sommets de l’Himalaya vers l’Inde, le Pakistan, la Chine, notamment.

À la fin du présent siècle, au moins un tiers des glaciers des chaînes de montagnes Hindou Kouch et Himalaya aura disparu, même si le réchauffement de la planète se limitait à 1,5 degré. C’est ce qu’indique une étude du Centre international de mise en valeur intégrée des montagnes.

Alors, en cette ère de négationnisme climatique, il est être important de souligner que plus de 200 scientifiques ont travaillé sur ce rapport et qu’il a été révisé par plus de 125 autres experts. Jusqu’à tout récemment, l’impact du changement climatique sur la glace des régions de l’Hindou Kouch et de l’Himalaya était incertain. Mais ce rapport, qualifié de véritable « jalon » par la communauté scientifique, élimine toute part de doute.

Même 1,5 degré

Même en étant particulièrement ambitieux dans notre lutte contre le dérèglement climatique et que nous limitions le réchauffement climatique à un degré et demi, nous perdons un tiers des glaciers. Si le réchauffement s’élève à deux degrés, cela représente une fonte de la moitié des glaciers d’ici 2100. Et si nous maintenons le cap, ce sont les deux tiers de la surface en glace de la Terre qui auront alors fondus.

La disparition des glaciers aura des conséquences graves pour près de 2 milliards de personnes qui dépendent de l’eau des rivières qu’ils alimentent.

Depuis 1970, près de 15% de la glace dans cette région a déjà été victime de la hausse des températures. Les chaînes de montagnes s’étendant sur 3.500 km, l’impact du dérèglement peut varier. Pour certains glaciers en Afghanistan et au Pakistan, la situation est stable. D’autres gagnent même un peu de glace, sans doute grâce aux nuages qui les mettent à l’abri du soleil et aux vents changeants qui apportent un peu de neige. Mais même ceux-ci vont fondre avec le réchauffement qui s’annonce, révèle l’étude.

Après 2060

D’ici 2050, les rivières draineront donc davantage d’eau, ce qui augmente le risque d’inondations. Après 2060, les rivières seront moins affectées. Cela affectera les agriculteurs qui dépendent de rivières comme le Yangtsé, le Mékong, l’Indus et le Gange pour faire pousser leurs cultures. La production d’énergie à partir des centrales hydroélectriques, la principale source d’électricité de la région, va également en souffrir et même devenir impossible.

Mais les conséquences les plus graves seront pour les agriculteurs des collines et en aval. Ils comptent sur des réserves d’eau pour faire pousser des cultures qui nourrissent les pays à l’ombre des montagnes. Déjà, les agriculteurs commencent à sentir que les choses vont mal: dans de nombreux endroits, il y a trop ou trop peu d’eau au printemps lorsqu’ils plantent leurs cultures. Pire encore, la fonte des glaciers influence également les pluies de la mousson. Ils deviennent plus erratiques et sensibles aux averses extrêmes.

EPA
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