La Belgique est sous pollution, et c’est même visible depuis l’espace

La Belgique est l’une des régions du monde les plus polluées par le dioxyde d’azote (NO2), alerte Greenpeace qui a analysé les données satellitaires récentes de l’ESA. Anvers serait particulièrement touchée.

Un énorme nuage rouge s’étend entre les deux plus grandes villes du pays: Anvers et Bruxelles. Il est composé de dioxyde d’azote. Ces données proviennent du satellite européen Sentinel-5P et elles ont pu être analysées par Greenpeace qui met en garde le monde politique dans Le Soir.

La Belgique serait ainsi le 4e pays le plus pollué en Europe en termes de dioxyde d’azote. Pire: Anvers constituerait un point chaud de la planète avec Paris, Buenos Aires et Taïwan.

En cause, l’industrie portuaire de la ville de Bart De Wever. « La combustion qu’elle génère est en grande partie responsable », explique Joeri Thijs, expert en qualité de l’air chez Greenpeace. L’autre point soulevé est le nombre de voitures roulant au diesel dans notre pays. Bruxelles, Gand, Liège ou Charleroi ne sont pas épargnées non plus. La différence entre les week-ends et la semaine est d’ailleurs saisissante. « Les navetteurs produisent un grand nombre d’émissions de dioxyde d’azote. » Le monde politique est appelé à faire bouger les choses: « Les élus qui négocient actuellement les coalitions dans les grandes villes ne peuvent ignorer ces résultats. Nos villes peuvent être pionnières dans l’abandon rapide du diesel et ensuite de l’essence, et nous conduire à une mobilité saine avec beaucoup moins de circulation automobile et de meilleures alternatives à la voiture », estime encore Joeri Thijs.

Ceci n’est toutefois pas une surprise. D’autres instruments satellitaires l’ont montré par le passé. Le dioxyde d’azote touche particulièrement la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne. Ces nouvelles données de Sentinel-5P font partie d’un programme lancé par la Commission européenne sous le nom de Copernicus. Prévu pour sept ans, il devrait permettre de saisir l’évolution du phénomène dans le temps.

Particules fines

Le dioxyde d’azote est-il dangereux? Oui. Le NO2 est d’ailleurs réglementé par l’Union européenne et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au contraire du monoxyde d’azote lui aussi issu de la combustion, mais qui pose beaucoup moins de problèmes. Le NO2 ne doit dépasser des concentrations de 40 microgrammes par m³ d’air en moyenne annuelle. Un seuil dépassé dans les stations de mesure bruxelloises et flamandes. L’opération « Mon Air Ma Rue » a également révélé des situations problématiques dans les villes wallonnes.

L’autre poison dont il faut se méfier, ce sont les particules fines. Elles pénètrent au plus profond de notre organisme et ce sont les plus toxiques. Leur seuil dépasse largement le seuil recommandé par l’OMS. Elles sont le résultat de processus naturels (éruption volcanique, tempête de sable, érosion des sols…) et anthropologiques: l’industrie, le chauffage, l’épandage agricole et le diesel.

Chacun est appelé à faire des efforts, pas seulement les industries. Ça passe par utiliser son chauffage domestique avec le plus d’efficacité possible ou à utiliser son véhicule quand c’est nécessaire. Au niveau des villes, la mise en place de zones de basses émissions va dans le bon sens, comme c’est le cas depuis 2016 à Anvers justement, et depuis 2018 à Bruxelles. Ces zones interdisent l’accès aux véhicules les plus polluants, mais elles ne suffiront pas, comme le montrent les résultats analysés par Greenpeace.

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