La Belgique accusée de flirter avec les limites des droits de l’homme pour lutter contre le terrorisme

La Belgique a-t-elle dépassé les bornes pour lutter contre le terrorisme? L’ONG Human Watch Rights Watch accuse le pays d’avoir adopté des lois antiterroristes « problématiques » et ses policiers d’avoir été trop violents durant plusieurs opérations. De quoi flirter dangereusement avec les limites des droits de l’homme, même si le gouvernement fédéral se défend.

« On se fait attaquer par l’État islamique qui nous dit que nous sommes des mécréants alors que nous n’avons rien à voir avec eux. Et on se fait attaquer par l’État qui dit ‘Vous avez à voir avec l’État islamique' »: interrogé par l’ONG Human Rights Watch (HRW), Omar est dégoûté.

Il accuse la police belge de l’avoir tabassé, traité de « sale arabe » avant de le relâcher sans être inculpé. Omar serait l’une des nombreuses victimes des abus de la police belge, qui aurait dépassé les bornes à plusieurs reprises dans sa lutte contre le terrorisme.

Insultes et passage à tabac

« La Belgique a travaillé dur l’année passée à la prévention de nouvelles attaques, mais ses lois et les réponses de la police ont été mises à mal par leur nature trop générale et parfois abusive », accuse Letta Tayler, auteure du rapport de 67 pages pour l’ONG. Selon ce rapport, au moins 26 incidents impliquant des policiers belges ont été relevés lors des perquisitions menées

Des insultes comme « sale Arabe » ou « sale terroriste » ont été utilisées, il y a eu des fouilles brutales et, dans 10 cas, un recours à la force jugé trop excessif: des « suspects » ont été tabassés ou balancés contre des voitures. Le point commun entre ces suspects (sauf un)? Ils étaient musulmans. Un seul a été accusé de terrorisme et en plus il y a eu erreur sur la personne…

« Le recours à une force excessive lors de certains raids menés par la police risque d’engendrer un sentiment d’aliénation au sein des communautés dont la coopération pourrait pourtant aider à faire face à la menace », ajoute Letta Tayler.

epa

« L’isolement prolongé est un traitement cruel »

Autre accusation de l’ONG: les lois antiterroristes de la Belgique vont trop loin. Des mecs se sont retrouvés à l’isolement jusqu’à 23h par jour pendant 10 mois à cause d’une des lois autorisant les autorités à le faire. 35 personnes seraient ainsi actuellement placées à l’isolement dans le cadre de la lutte antiterroriste.

250 personnes ont vu leur passeport être confisqué par les autorités, qui ont aussi le droit de faire ça si un suspect veut quitter la Belgique « avec une intention terroriste ». Pour HRW, c’est juste une « formulation floue qui pourrait limiter le déplacement des personnes sans aucune preuve »

« Human Rights Watch reconnaît que des mesures spéciales pourraient s’avérer nécessaires pour éviter une radicalisation violente dans les prisons, mais de telles mesures devraient garder toutes proportions et être soumises à un examen efficace. L’isolement prolongé est un traitement cruel, inhumain et dégradant, pouvant confiner à de la torture », peut-on lire dans ce rapport.

Le gouvernement se défend

Face à ces accusations, le gouvernement fédéral a envoyé une réponse à l’ONG. Il assure que des enquêtes ont été ouvertes concernant un certain nombre d’incidents présumés avec la police et que « des sanctions et une compensation appropriées seront prévues ». « Il s’agit d’incidents isolés et ce n’est en aucune façon le résultat d’une politique délibérée », ajoute-t-il dans sa réponse. Par contre, aucun mot concernant les lois jugés trop « problématiques » dans la lutte contre le terrorisme…

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