Les magistrats n’ont donc pas l’air de bluffer. Si leurs trois revendications ne sont pas remplies pour ce lundi par le ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V), ils entameront des actions. Comme toujours, le nerf de la guerre est l’argent. Le pouvoir judiciaire craint notamment de perdre son indépendance dans l’attribution de son budget. Des problèmes concernant l’engagement du personnel et les pensions des magistrats sont également évoqués. Le calendrier des grèves a été fixé, tout dépend donc du ministre de la Justice maintenant.
Et ça commence mal puisque M. Geens a laissé entendre sur le plateau des « Décodeurs » (RTBF) que leur deuxième revendication ne pourrait être remplie. Les magistrats veulent obtenir que les cadres des juridictions soient remplis à 100%. Or, pour l’instant, ils ne sont remplis qu’à 80%. « Je ne crois plus dans la méthode des cadres », a lancé Koen Geens. Cela a au moins le mérite d’être clair.
Problème de séparation des pouvoirs
Mais revenons à leur première revendication. Le ministre de la Justice attribue aux Collèges (des cours, des tribunaux et du ministère public) une enveloppe fermée. Ce qui a le don de mettre en concurrence les juridictions. Les objectifs sont d’ailleurs fixés sous forme de contrats de gestion. De plus leurs résultats sont évalués par l’administration du ministre de la justice. Pour eux il y a clairement un problème de séparation des pouvoirs. Le pouvoir exécutif, qui contrôle aussi l’administratif et le budget, s’immisce beaucoup trop dans le pouvoir judiciaire.
Enfin, leur troisième et dernière revendication s’attaque au régime des pensions défavorable pour les magistrats, eux qui ne peuvent exercer d’activités complémentaires. Le Conseil consultatif de la magistrature (qui émet un avis sur les droits et conditions de travail) est clair: les magistrats doivent pouvoir compter sur une pension « convenable » alors que le gouvernement essaye d’aligner leur régime des pensions sur celui du privé.
Du 2 au 10 juin, au Nord comme au Sud
Bref, ça se complique encore pour le ministre de la Justice. D’autant qu’un calendrier a déjà été annoncé par les magistrats. Si rien ne bouge concrètement, ce sera la grève. Dans l’ordre: le 2 juin pour le Brabant flamand et wallon, le 7 juin à Bruxelles, le 8 à Liège et dans le Limbourg, le 9 dans le Hainaut et à Gand et enfin le 10 juin à Namur, à Anvers et dans la province du Luxembourg.
Les modalités ne sont par contre pas encore prévues mais les magistrats attendent le soutient des avocats. En tout cas, tout le monde a été prévenu. À Bruxelles, Stéphane Boonen, le bâtonnier de l’Ordre francophone du barreau de Bruxelles, a assuré que cela serait le cas. Le mois de juin s’annonce donc comme le mois de mai légèrement houleux…
Source: La Libre