« Je savais qu’il venait pour me frapper »: le témoignage de Marie pourrait accélérer la loi sur le harcèlement de rue en France

Une vidéo a scandalisé la France ces derniers jours. On y voit une femme se faire agresser physiquement et verbalement par un homme en pleine rue de Paris et en pleine journée. Cette vidéo jette la lumière sur une réalité qui est malheureusement trop courante. Suite à cette vidéo, la secrétaire d’État française à l’Égalité femmes-hommes veut des mesures fortes.

« Je savais qu’il venait pour me frapper. C’était clair dans sa gestuelle. C’était clair dans l’échange, dans la tension qu’il y avait. À ce moment-là, je n’avais pas le choix. Je n’allais pas rentrer chez moi, je n’allais pas faire demi-tour. Je n’allais pas baisser les yeux, je n’allais pas m’excuser. Je ne tolère pas. Et s’il fallait que je prenne un coup, que je me batte, j’allais le faire. »

C’est en ces mots que Marie, 22 ans, raconte au journal Le Parisien, l’agression à la fois physique et verbale qu’elle a subie en pleine rue la semaine passée. La caméra du café au côté duquel s’est déroulée cette scène a enregistré l’attaque. La vidéo qui montre la violence de cet instant tourne depuis sur les réseaux sociaux et rappelle une réalité que connaissent malheureusement trop bien les femmes: le harcèlement de rue.

État de choc

« Quand il est arrivé, c’est allé tellement vite que j’ai été un peu sidéré, en état de choc », poursuit Marie. « C’est difficile à expliquer. Dans ces situations-là, ça va tellement vite que l’on ne réagit pas forcément comme on veut. Donc, il est venu, il a foncé vers moi, je l’ai regardé droit dans les yeux et j’ai pris le coup avec la plus grande fierté… juste pour lui montrer que si il voulait essayer de me remettre à ma place, ça ne marchait pas. »

« Cette vidéo est extrêmement importante et emblématique », explique la psychiatre Muriel Salmona au Parisien. « Elle dit à la fois le danger que courent les femmes et invalide le discours habituel sur « Elle l’a bien cherché, elle aurait dû faire ceci ou cela ». On voit bien que cet homme a l’intention de nuire. C’est cela la réalité des violences : l’intentionnalité! Marie symbolise malgré elle ce que vivent de nombreuses femmes et pourquoi elles ont peur. »

Le Parisien

Mesures fortes

Cette réalité, Marlene Schiappa veut la combattre. Interrogée sur la vidéo par Le Parisien, la secrétaire d’État française à l’Égalité femmes-hommes s’est dite « outrée », mais « malheureusement » pas surprise. Schiappa déclare que la loi de lutte contre les violences sexistes et sexuelles va être adoptée le plus rapidement possible. « Les premières amendes contre le harcèlement de rue seront mises à l’automne », affirme-t-elle. Celles-ci devraient commencer à 90 euros pour atteindre les 3.000 euros, selon les circonstances.

En Belgique, le harcèlement de rue « est puni d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de cinquante euros à mille euros », selon la loi du 22 mai 2014 tendant à lutter contre le sexisme dans l’espace public. Le grand problème reste toutefois que la majorité des victimes ne déposent que très rarement des plaintes. Une étude de l’université de Gand a révélé que 86% des femmes ont déjà été victimes d’intimidation sexuelle au moins une fois dans leur vie, mais que seule 3.6% d’entre elles ont déposé des plaintes.

Signaler les agressions

L’association « Touche pas à ma pote » a lancé en mars 2018, avec le soutien de la secrétaire d’État bruxelloise à l’Égalité des chances Bianca Debaets (CD&V), une application pour aider les femmes à signaler les cas de harcèlement de rue et d’intimidation sexuelle. L’app est disponible sur Google Play et sur l’Apple Store. Les agents de la paix et de la police ont accès aux signalements réalisés par ses utilisateurs. Il faut maintenant espérer que ces initiatives permettront aux femmes de ne plus se sentir en danger lorsqu’elles marchent dans la rue.

« C’est un combat qui nous touche toutes, quotidiennement », témoigne encore Marie. « Bien qu’on en parle, je pense qu’on en parlera jamais assez tant que les mentalités ne changeront pas. Ça passe par des lois, ça passe par la culture populaire, les messages que l’on envoie. (…) Ça reste un phénomène systématique de harcèlement qui fait que les femmes, quand elles marchent dans la rue, ne se sentent pas en sécurité. »

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